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#07 – La peinture impressionniste est-elle décorative ?

proposée par Amandine Rabier

Diffusée le 23 janvier 2022


#07 – La peinture impressionniste est-elle décorative ?
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Contexte

On croyait tout savoir sur les impressionnistes, et bien non! C’est ce que nous allons découvrir avec la brillante historienne de l’art Marine Kisiel.

Mais avant, observez ou imaginez ce tableau…

Dans un jardin, à l’ombre d’un arbre, une scène de déjeuner est temporairement désertée par ses convives. La table semblait accueillir deux personnes dont la présence récente se devine par la vaisselle laissée en l’état : sur la table, deux tasses disposées de part et d’autre, un verre vide, un petit pain grignoté, une coupe de fruits, une théière et un châle abandonné en un monticule sur le bord de la nappe.

À l’avant plan, notre regard butte sur une dessert en osier où sont déposés les restes de la collation ainsi que sur un banc où devait être installée l’une des convives. Placé à l’oblique, le banc souligne la profondeur de la composition qui guide le regard du spectateur tout en maintenant une distance. La place encore chaude de l’une des convives est dorénavant occupée par son ombrelle et son panier. Les deux dineuses ne sont forcément pas loin. Aux pieds de la table, un enfant s’amuse à empiler des tiges de bois. Il ne faudrait pas le laisser trop longtemps seul… Et en effet…. La suite de la scène se passe à l’arrière plan, à l’abri des regards, derrière une branche d’arbre dont l’ombre apportait un air de fraicheur au repas. Au milieu des buissons fleuris du jardin, aux couleurs ravivées par les rayons du soleil, deux jeunes femmes dont on ne distingue pas les visages se promènent.

Ce tableau de Monet est montré à l’occasion de la seconde exposition impressionniste en 1876, accompagné de la mention « panneau décoratif ». Rappelons qu’un panneau décoratif est censé avoir été commandé à un artiste pour venir orner une pièce précise d’un intérieur. Le peintre adapte ainsi son sujet aux contraintes du lieu désigné. Mais ce tableau que nous venons de décrire ne possède ni commanditaire ni lieu de destination au moment de son exposition. Alors pourquoi attribuer une fonction à un tableau qui ne semble remplir a priori aucune de ces caractéristiques ? Voilà une première interrogation.
Dans l’introduction de son ouvrage, Marine Kisiel constate que malgré le foisonnement des travaux sur l’impressionnisme son rapport à la décoration reste la plupart du temps ignoré. Au point que nous regardons aujourd’hui des œuvres impressionnistes comme des tableaux de chevalet sans savoir qu’ils ont d’abord été conçus comme des décorations. Pourquoi une telle méconnaissance ?
Notre invitée va aujourd’hui nous accompagner dans la relecture de ces œuvres.

Œuvre évoquée en introduction

Claude Monet, Le déjeuner, Vers 1873, huile sur toile, 160 x 201 cm, Legs de Gustave Caillebotte, 1894, Musée d’Orsay.

En Plateau

Marine Kisiel, Docteure en histoire de l’art, conseillée scientifique à l’Institut nationale d’histoire de l’art (Inha), anciennement conservatrice au musée d’Orsay, elle a notamment été commissaire des expositions « Degas, danse, dessin » (2017), « Degas à l’Opéra » (2019) ou encore « James Tissot, l’ambigu moderne » en 2020.

Bibliographie

Marine Kisiel, La peinture impressionniste et la décoration, Paris, ed. Le Passage, 2021.

À l’écoute

  • Reprise de Vincent Delerme, Jeanne Cherhal et Albin de la Simone : Les gens qui doutent d’Anne Sylvestre
  • Mohamed Lamouri, Tgoul Maaraft
Réalisation : Stéphane Dujardin


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