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#06 – La vie dans les plis des sculptures de Simone Pheulpin

proposée par Amandine Rabier

Diffusée le 9 janvier 2022


#06 – La vie dans les plis des sculptures de Simone Pheulpin
anamorphose

 
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Aujourd’hui je reçois la sculpteur Simone Pheulpin à l’occasion de son exposition “Simone Pheulpin plieuse de temps » au musée des Arts Décoratifs jusqu’au 16 janvier!

Mais avant, imaginez ses sculptures dans les salles du musée des arts décoratifs. Mêlées, le temps de l’exposition, aux collections permanentes du musée, ses sculptures, parmi d’autres objets, se distinguent par leurs couleurs, toutes écrues presque grèges.

Au premier regard, on croit reconnaitre un morceau de roche dans une œuvre, du lichen ou du corail dans une autre, sans jamais être totalement sûr de ce que l’on perçoit. En avançant vers les sculptures, en tournant autour, l’on peut finir par changer d’avis selon sa rêverie : voir une gangue, une spirale minérale puis se raviser encore pour l’hypothèse d’une créature qui se recroquevillerait sur elle-même.

Même la matière de l’œuvre est soumise au doute : serait-ce de la pierre ? de l’argile ? Et puis, tout bien considéré, est-ce véritablement le résultat d’une création de l’homme ou d’une femme en l’occurrence ou simplement celui d’un processus naturel ? Là encore impossible de le déterminer avec certitude. Le regard poursuit sa recherche en hésitant toujours… L’on croit discerner des formes organiques familières : des stries, des effritements de cette roche, des épaisseurs d’écorce, des calcifications, du corail fossilisé, des champignons, l’aspect mousseux du lichen…. C’est cela et ça n’est pas cela.

Intrigué par l’instabilité de la nature même des œuvres dont l’évolution se détermine en fonction de notre position face à elles, je me réfère, pour en comprendre la construction, au cartel. Il est inscrit : « plis de coton et épingles ». Loin d’apporter une explication, cette description engendre mon incrédulité. Me rapprochant au plus près, bravant la distance de sécurité qui déclenche rapidement l’alarme stridente en même temps que l’air réprobateur du gardien de la salle du musée, l’œil, maintenant à quelques centimètres, comme l’objectif d’un appareil photo, fait sa mise au point : je découvre enfin cette matière que m’indiquait le cartel, la moelleuse et chaleureuse trame du coton!

L’énigme ne s’arrête pourtant pas là : Comment l’artiste obtient-elle cette métamorphose de la matière et cette beauté des formes? Et comment un matériau si usuel que du coton peut-il conduire à la suggestion de tant de mondes possibles?

Simone Pheulpin fonde effectivement son art sur deux accessoires simples : des bandelettes de coton des Vosges dont elle est originaire et des aiguilles! La sculptrice procède par plis. Des milliers d’épingles qui maintiennent des milliers de plis…

Cela méritait quelques éclairages de l’artiste….

Bibliographie

Christophe Pradeau, Françoise de Loisy (dir.), Simone Pheulpin, éditions cercle d’art, Paris, 2022.

À l’écoute

When the saints go marching in Golden Gate Quartet
Petite fleur de Sidney Bechet

Réalisation : Stéphane Dujardin


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