Si vous étiez donc déjà là ce matin, le procès de la spéculation immobilière a eu lieu. On a décrit comment les actifs immobiliers, autrefois dédiés à leur usage d'habitations, de commerces, de services, de lieux de rencontre sont devenus petit à petit des actifs financiers et commencent à entraîner une augmentation hallucinante des prêts de l'immobilier. On a aussi abordé comment, petit à petit, les agences bancaires remplacent les librairies dans les cœurs de villes, comment les personnes les plus pauvres ont dû s'éloigner encore et encore en dehors des centres urbains. Et dans cet échange-là, qui va durer un peu plus d'une heure, on va essayer d'identifier s'il existe encore des marges de manœuvre au niveau local pour contrer cette dynamique qui touche la plupart des pays d'Europe. On va essayer de garder un petit temps pour échanger ensemble à la fin des échanges avec les participants, les intervenants. Je vais les présenter rapidement. Je commence par moi, je suis Antoine Anquetil, de Solico. On est une société d'investissement solidaire créée par la Fondation pour le Logement et AG2R La Mondiale et on finance partout en France des projets de logement à destination de celles et ceux qui sont exclus du logement. Je vais donc animer cet échange. Pour échanger avec nous, nous avons invité quatre personnes. D'abord, deux élus, Karine Petit, bonjour. Vous êtes maire, les écologistes du 14e arrondissement de Paris, également élu au Conseil de Paris et à la métropole du Grand Paris. Vous avez donc une expérience du millefeuille, on peut le dire. Vous avez déclaré dans une interview cet été que votre meilleur souvenir en tant qu'élu, c'était l'expérience des grands voisins. Donc un lieu emblématique de l'immobilier solidaire. Donc on va sûrement reparler de tout ça. Et à côté, Peyot, Peyot Dufault, bonjour. Égounon, on dit, c'est ça ? Voilà, en basque. Vous êtes député des Pyrénées-Atlantiques depuis 2024, sous l'étiquette du parti Abert Saleh. Euskal Heria Baye, Abert Saleh, vous nous direz ce que ça veut dire, voilà. Vous êtes très engagé à l'Assemblée nationale sur la question du foncier, de l'immobilier, du foncier agricole. Vous avez déposé une proposition de loi pour lutter contre la spéculation. Vous militez très activement depuis longtemps pour l'accès au logement, avec en particulier vos camarades du parti Euskal Heria Baye, jusqu'à enlever des tuiles sur la maison de Bruno Le Maire. Donc voilà, on en reparlera, je pense, tout à l'heure. Et puis deux personnes qui sont là parce qu'elles sont à la fois dans une posture, on va dire, de recherche, de questionnement sur comment on produit la ville, comment on produit la ville pour tous, avec tous, et qui la fabrique aussi en même temps sur le terrain. Donc on va essayer de passer de la dimension stratégique à opérationnelle et vice versa. Donc j'ai à côté de moi Flor Trotman, bonjour. Tu es urbaniste, tu as beaucoup étudié la question des consommations alternatives au début de ta vie professionnelle. Et c'est sûrement ça qui t'a donné envie de t'intéresser à la consommation alternative de l'immobilier et du foncier. Tu as mis en pratique tout ça avec la création du Sens de la Ville, qui est une agence coopérative de stratégies urbaines et programmatiques, c'est ça ? C'est ce que j'ai lu sur Internet en tout cas. Puis en 2020, un nouveau projet, Basse commune, foncière coopérative, qui s'intéresse à la question des raies de chaussée à impact social, cofondée notamment avec Plateau Urbain, l'opérateur de ce lieu où nous sommes. Et Frédéric Gilly, bonjour. Tu es économiste, géographe, tu enseignes à l'École Urbaine de Sciences Po. Tu as cofondé la revue Métropolitique, que certains d'entre vous connaissent peut-être. Et tu diriges également une entreprise spécialisée dans la co-construction qui s'appelle l'Agence Grand Public. Tu accompagnes des élus, des promoteurs dans leur dialogue avec les habitants et les usagers de la ville et des territoires. Et on va commencer d'abord par prendre un peu de recul parce que si chacun d'entre nous est citoyen à son échelle, on ne les a pas invités en tout cas dans ce tour de table, donc on va le faire de manière détournée, en passant un petit film qui va nous aider à prendre du recul, à ramener la question des habitants. On est beaucoup sur des outils, sur des grandes questions macroéconomiques, microéconomiques depuis ce matin. On va essayer d'aller mettre un peu les pieds dans le terrain pour orienter cette table ronde. Est-ce que nous, on est vraiment écoutés ? Est-ce que nous, en parlant, on fait des choses ? Mais est-ce que ça va vraiment changer quelque chose ? Parce qu'il n'y a personne qui vient, personne de la municipalité qui vient voir comment ça se passe ici. Je ne dis pas que... Je sais qu'ils n'ont pas trop le temps pour aller partout, mais je ne sais pas si en 10 ans, il y a quelqu'un qui est déjà venu ici. Moi, ça fait 20 ans que je suis là et p