Bien sur Radio Causse-Commune 93.1 FM, vous écoutez l'émission Un coin quelque part. Bonjour, nous sommes aujourd'hui dans l'émission Un coin quelque part avec mon invité Milena Charbi. Bonjour Milena. Bonjour. Je l'ai invité parce que je suis tombée, j'allais dire par hasard mais non pas vraiment, par relation on va dire, sur son livre Architecture Lesbienne avec le sous-titre Subversion du lien de l'intime et de l'espace. Rien que le titre, déjà ça nous ouvre énormément de portes et ça va me permettre aussi de faire des liens avec d'autres émissions d'Un coin quelque part. Mais peut-être d'abord un mot, d'où venez-vous et que faites-vous donc Milena ? Bonjour, merci beaucoup pour l'invitation. Donc moi je suis architecte de formation, j'enseigne à l'école d'architecture de Versailles et je fais aussi en ce moment un doctorat en architecture, également à l'école d'architecture de Versailles en partenariat avec la Casa de Velasquez. Voilà donc, et ce livre est une recherche que j'ai menée de front avec mes autres activités disons. Et l'idée du livre vous est venue de ce parcours là ou autre chose vous a fait dire bah là faut que je pose quelque chose un peu ? Oui, le fait d'être architecte bien sûr, c'est mon parcours d'architecte et de chercheuse et puis aussi de personnes lesbiennes qui à un moment donné m'ont fait connecter différents sujets et l'idée de ce livre a émergé oui. Ok, bon alors d'abord pour commencer avec pour les auditrices peut-être on peut se prêter à l'exercice parce qu'il y a énormément de composantes dans ce livre que j'ai trouvé vraiment très très intéressant, que je recommande vivement. Est-ce qu'on peut quand même se prêter à l'exercice d'une espèce de définition ? C'est à dire que quand j'ai parlé de juste le titre de votre livre à d'autres personnes, tout de suite la question se pose. Est-ce que quand on dit le terme lesbienne on va dire venir après, est-ce qu'on parle de sexualité ou est-ce qu'on parle pas plutôt d'autre chose et d'un symbole plus politique ? Oui absolument, c'est vrai que c'était la première chose à dénouer dans ce livre, c'était le terme de lesbienne puisque finalement il est quand même assez polysémique même si il est assimilé à des pratiques sexuelles ou en tout cas à des pratiques sociales liées à une certaine sexualité. Il relève aussi d'autres pratiques ou réunions, communautés de personnes qui se caractérisent, en fait c'est un peu un terme parapluie, c'est à dire que sous ce terme là il y a différentes catégories. Donc je trouvais important de l'utiliser parce qu'il y a aussi à un moment la question de ne pas utiliser le terme de lesbienne puisqu'aujourd'hui ce terme, dans un monde où il y a énormément de catégories de personnes qui sont non-binaires, trans, queer de manière plus générale, est-ce que le terme de lesbienne n'était pas un peu obsolète ? Mais en fait non, c'était aussi parce que c'était de cette manière là comme moi j'allais me caractériser mais j'ai trouvé qu'il était important de l'utiliser là en tout cas. Alors il y a d'une part le fait que c'est devenu également un terme en effet sur une identité politique, peut-être plus même qu'une identité d'orientation sexuelle à date aujourd'hui, mais qu'en même temps vous vous en faites dans tout le livre un parcours aussi historique, c'est-à-dire que ce que vous allez faire là dans ce livre c'est aussi, pas simplement, mais aussi aller chercher d'où ça vient et quel est le continuum politique qu'il y a depuis, vous remontez pas mal, vous remontez assez loin sur certaines thématiques en tout cas, parfois même au XIIème siècle, et donc ce parcours-là historique, il n'est pas anodin ? Non il n'est pas anodin et puis il était important. Effectivement le terme de lesbienne tel qu'on le connaît aujourd'hui, il est politique dans le sens où c'est une réappropriation de ce terme qui en fait était utilisé plutôt dans un univers médical, jusque dans les années 60-70, et en fait les féministes lesbiennes donc homosexuelles ont décidé d'utiliser ce terme-là et de se le réapproprier de manière positive, d'une manière militante, et effectivement c'est devenu plus un terme politique qu'un terme qui caractérisait en tout cas des pratiques sociales, puisqu'un certain nombre de femmes qui n'étaient pas politisées n'allaient pas forcément se dire lesbiennes. Elles allaient se dire femmes qui aiment des femmes, ou femmes étant avec d'autres femmes, mais pas forcément l'emploi du terme lesbienne. Et effectivement, enfin, moi c'était important pour moi de recontextualiser ce terme à chaque fois, donc aussi je voudrais juste mentionner que j'ai beaucoup travaillé avec Lydia Amarouche et Laura Boulic, qui sont mes éditrices pour ce livre, et qu'elles m'ont beaucoup aidé, et on a fait ce travail ensemble aussi de catégorisation et de recontextualisation, c'était vraiment aussi parce que moi du coup venant de mon background d'architecte, j'avais pas forcément ces automatismes-là et c'