Mylène Juste, lumière rouge, vie d'insurgé·es, en direct sur Cause Commune. Tous les premiers jeudi du mois, je tends le micro à mon invité travailleuse du sexe. Interagissez en direct au 09-72-51-55-46. Auditeurices, bonsoir et bienvenue à ce 30ème lumière rouge, vie d'insurgé·es Ouais, le 30ème ! Le 30ème. C'est Rock'n'Roll ce soir, bon on vous dira pas ce qui se passe en coulisses. Mais c'est Rock'n'Roll, on verra plus tard. Donc je suis Mylène Juste, travailleuse du sexe, tradie de rue depuis plus de 20 ans. Et comme chaque premier jeudi du mois, avec ma complice Corinne, nous tendons le micro à mon invité travailleuse du sexe. Nous sommes en direct sur la radio Cause Commune, 93.1, mais également sur la chaîne YouTube, ainsi que le Twitch de la radio. Et lido ! Le 22 novembre, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes et pour leurs droits, j'ai pris la parole en conférence de presse organisée par nous toutes, pour parler de nous, des violences que l'on subit. Dans quelques jours, le 17 décembre, c'est notre journée mondiale des violences faites aux TDS, travailleurs du sexe et travailleurs du sexe. Il était donc l'occasion de rappeler à nos sœurs d'armes, mais aussi aux politiques, aux abolitionnistes et tous, ce que subir et combattre la violence et les VSS, donc violences sexistes et sexuelles, veut dire pour une travailleuse du sexe. Tout d'abord, c'est se voir affublé, pour le tapin et l'escorte, de termes spécifiques, péjoratifs et dégradants liés à son activité et sa condition, est essentielisé. Raccolage à la place de prospection, personnes en situation de prostitution à la place de travailleuses du sexe, victimes de traite à la place de personnes exploitées et abusées ou et des déesses migrantes. Proxénètes à la place de tout ce qui est rattaché à ton travail et qui te côtoie. Ton loueur, ton mari, ton patron, ton passeur, tes enfants, tes amis sont potentiellement au regard moral et pénal de la loi. Tes proxètes. Lorsqu'on entre dans la lutte pour ces droits-là de TDS, on entre au cœur de toutes les violences politiques et institutionnelles. Condescendance, mensonge, instrumentalisation, stigmatisation, cicatrisation, voire humiliation. De 2013, annonce de la loi jusqu'à aujourd'hui, mes Adelphes sont passés par tous les stades de la perte d'autonomie pour beaucoup, à la dépression et jusqu'au suicide pour certaines, ponctuées de nombreux cas de violences exponentielles dues à la perte de choix et d'autonomie. J'ai vu des amis pleurer l'éveil de Noël, des femmes de 60 ans et plus qui avaient tapiné toute leur vie et se voyaient réduites à se demander pour la première fois depuis très longtemps si elles pourraient continuer à être autonomes avec la peur de tomber dans une extrême précarité. Croyez-moi, une passe est une valse comparée à cette violence-là, d'autant qu'elle vient des femmes, soi-disant d'en haut, députés, socialistes et d'un haut conseil, l'égalité. Mes collègues du quartier Strasbourg-Saint-Denis exercent pour certaines depuis 40 ans, cela représente des milliers de rencontres pour du sexe tarifé. Rien n'est comparable en termes de violence que de passer de femmes de mauvaise vie à pauvres femmes. En un vote confortable qui a duré une nanoseconde, les prostituées sont passées de coupables à victimes dans la loi. Oui, on avait sur le dos le fameux délit de racolage quasiment jamais appliqué, les politiques ont décrété en l'abrogeant qu'on avait le droit de racoler, donc de travailler, mais qu'on doit verbaliser l'accès à nos services, donc c'est la pénal du client. Quelle population de travailleuses subit cela ? Aucune autre. Être TDS, aujourd'hui, c'est être confronté aux violences sexistes et sexuelles courantes, mais c'est également être confronté à la violence institutionnelle. La reconnaissance de l'autodétermination et de pouvoir prendre soi-même les décisions concernant sa santé, ton corps et sa vie sexuelle, qui est un droit humain fondamental, n'est pas consenti au TDS, au travers de la loi sur la prostitution, et de ce que cette loi sous-entend moralement. Est-ce que cela arrive à d'autres ? La question de la culpabilisation et le traumatisme qui existent de manière récurrente chez les femmes après une agression est amplifiée chez les travailleuses du sexe à cause des politiques sur le travail sexuel qui alimentent cela. Subir et combattre la violence et les violences sexistes et sexuelles pour une travailleuse du sexe, c'est subir et affronter les mêmes violences que les autres femmes, dans sa vie privée et familiale, mais c'est aussi subir et affronter les violences spécifiques au traitement de son activité, entretenues par les institutions et les politiques. Craindre le retrait de la garde des enfants, quitte à ce qu'elle revienne à un père abusif, on a des cas, trop de cas. Craindre d'être rejeté des organismes bancaires, on a des cas, et trop de cas. Craindre d'être harcelé