Bonjour à tous, vous êtes bien sûr Côtes communes, la voie des possibles, 93.1. Aujourd'hui, j'ai le grand plaisir d'accueillir Cédric Sadin-Cesbron qui vient de publier, enfin il y a déjà pas mal de mois, un ouvrage qui s'intitule Habiter en CHRS, Faire comme chez soi quand on n'a pas de chez soi, ça a été publié chez RS en 2023 il me semble. Oui, c'est ça et bonjour Patrick. Oui, bonjour Cédric. Du coup, on s'est rencontrés, on a papoté pas mal de fois au téléphone et donc j'ai le plaisir d'inviter quelqu'un qui a une double casquette, puisqu'on est collègue en tant qu'ethnographe et puis en même temps, on a des singularités. Toi, tu es travailleur social et tu fais partie de cette ethnographie si prisée par l'école du Chicago. On pense à Nelson Anderson dont le père était hobo, qui lui-même a été plus ou moins et puis qui a fait un des plus beaux ouvrages des débuts de l'école du Chicago avec ce hobo qui était mixte entre travailleur et SDF itinérant. Et donc, effectivement, la grande question c'est comment t'es venue cette idée de, entre guillemets, sortir du rôle du statut de travailleur social et de jongler avec cette perspective scientifique en voulant faire une recherche et à terme cet ouvrage. Oui, déjà merci de m'inviter Patrick, c'est super d'avoir autant de temps pour parler de mon travail. Moi, ce travail, ça a été fait dans le cadre d'un master 2 en sociologie que j'ai fait à l'université Lyon 2 et pour lequel je devais effectuer un travail de recherche et naturellement sur le terrain où j'exerçais à l'époque puisque maintenant je ne travaille plus en centre d'hébergement. Moi, je suis éducateur spécialisé de formation, donc j'ai travaillé principalement dans le champ de la grande pauvreté, donc les centres d'hébergement, les SAMU sociaux, etc. Et pour moi, c'était un peu naturel, vu que j'étais immergé sur mon terrain par mes fonctions, d'utiliser cette immersion permanente pour vraiment en rapporter quelque chose. Et l'ethnographie, la cité de l'école de Chicago, c'est quelque chose qui m'a beaucoup inspiré, très clairement. Les Howard Baker, les Irving Hoffman, etc. Et mon envie, au travers du livre, c'était de pouvoir vraiment montrer qu'est-ce que c'est que la vie à l'intérieur d'un centre d'hébergement pour les gens qui ne sont pas du tout du métier ou même les travailleurs sociaux, mais qui ne connaissent pas forcément ce type de lieu. Et voilà, donc il y a beaucoup de vignettes ethnographiques. Moi, j'avais tout le temps mon carnet de notes à la main et j'écrivais, j'écrivais, j'écrivais. Et il y a aussi beaucoup de places accordées à la parole des personnes hébergées dans le temps cellulure, quoi. Donc comment c'est un processus où tu t'es dit peut-être que je fais une recherche, mais je ne sais pas si j'en ferai un livre ou d'entrée de jeu. Tu as dit, il faut absolument que je publie quelque chose qui renverra à une recherche d'entrée de jeu. Tu as lié les deux, livre et recherche ? Non, à la base, moi, j'écrivais surtout un mémoire de Master 2, voilà, pour valider un diplôme. Mais assez vite, mon directeur de recherche, qui est Bertrand Ravon, de Lyon 2, m'a dit, ah, là, t'as quand même beaucoup de matériaux, c'est très intéressant ce que t'en sors, tu devrais penser à publier. Donc, c'est-à-dire que déjà, quand j'étais dans l'écriture du mémoire, j'avais en tête que peut-être je pourrais le proposer à un éditeur et finalement, je l'ai écrit un peu comme si j'écrivais déjà le livre, et notamment au niveau de la longueur. Du coup, je me suis permis d'exploser le cadre de ce qui était demandé, parce que j'ai écrit deux fois plus de pages que ce qui était demandé normalement pour le Master 2. Et voilà, parce que j'avais déjà cette idée que peut-être ça pourrait être publié, ce qui n'empêche pas qu'en fait, quand il y a eu vraiment un éditeur qui m'a dit, ben oui, ça nous intéresse, qu'il a fallu le retravailler beaucoup, et notamment pour lui enlever son format assez universitaire, pour le rendre plus accessible. Sans s'étendre indéfiniment sur la fin, qu'est-ce qui gênait, en fait, dans le format universitaire ? Ben bien que chez RS, là c'est une collection qui s'appelle Tram, qui s'adresse spécifiquement aux travailleurs sociaux et aux étudiants en travail social. Donc ils voulaient quelque chose de très concret, de très où ça va directement dans le sujet. Donc en gros, très clairement, j'ai dû enlever le plus gros de la méthodologie de recherche, toute la théorie sociologique, ça, ça a été mis de côté pour l'ouvrage, alors que c'était présent, le mémoire était beaucoup plus long que le livre qui est publié. Oui, ben j'imagine, oui, parce que t'as dû enlever la partie méthodologique, notamment théorique, donc c'est bien dommage, bon les éditeurs, effectivement, imposent souvent leurs règles du jeu. Mais bon, du coup, ben à la radio, on va essayer d'être un peu faussoyeux, on va exhumer aussi cette partie-là qui est intéressante, c