formes utiles, l'art et ses récits. Une émission proposée par Fabiola Bodoï, la chose semblait comme sans doute absolument certaine. Nous sommes sur radiocostcommune413.afm, vous écoutez des formes utiles, l'art et ses récits. Aujourd'hui, le récit prend la forme d'une conversation autour de l'écrivain et de l'homme Tchaikov avec Alexei Bazhanov, ancien comédien du Humcat, le tâtre d'art de Moscou. Je dis ancien, d'ailleurs je me demande est-ce qu'on peut être ancien quand on est comédien. Alexei Bazhanov, après le début de la Grande Guerre, l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a quitté son pays et vit en exil à Paris. Alexei Bazhanov a été mon invité pour quatre entretiens. Les podcast de ces entretiens, du 35 au 38, peuvent être retrouvés sur le site de la radio. Ces entretiens, centrés sur son parcours sur le tâtre et la vie en Russie avant et après la perestroika, ont nécessairement évoqué Tchaikov, mais comme nous savions tous les deux que nous allons regretter de ne pas avoir pu lui accorder plus de temps, l'idée de cette émission hors format est venue. Notre conversation sur l'autorus sera parsemée de lecture d'extraits de ses textes, de ses pièces de théâtre, des citations d'écrivain et prix de ses écrits. Conversation, comme toujours, accompagnée ou rythmée par de la musique. Nous allons parler de son invention avec Stanislavski du théâtre moderne et de son influence sur la littérature, alors qu'il était certain que ses écrits vont être lus encore un an tout au plus après sa mort. Une conversation qui espérons montrera, grâce à la présence d'Alexei Bajanov, que nous sommes à seulement quatre serments de main d'Anton Pavlovich Tchaikov, selon une expression russe qui mesure ainsi la distance dans le temps qui nous sépare d'une personne, et qu'il a, non seulement à travers son oeuvre, mais aussi à travers sa vie, des choses terribles, justes, vraies et émouvantes à nous dire. Que son oeuvre est un précieux héritage, si on l'ignorait, si on passait à côté, la réalité de ce monde, la vie même serait amoindrie. Bonjour Alexei. Bonjour Fabienne. Je suis si heureuse que tu as accepté d'être mon interlocuteur dans cette émission qu'on va inventer ensemble. Si heureuse car quel meilleur interlocuteur sur Tchaikov qu'un comédien russe de M4, le théâtre d'Araïssée de Moscou, le théâtre qui porte son nom, ou avec Nemirovich, Dantchenko et Stanislavski qui a posé les bases, celle qui pensait nécessaire, celle d'une forme nouvelle. Tu es dans une position privilégiée car déjà tu n'as pas besoin de traduction pour lire Tchaikov et qu'en tant que comédien, que spectateur aussi, tu pourras parler de la manière dont on joue ces pièces en Russie, les changements qui se sont peut-être produits à travers le temps dans la vision qu'on a pu avoir de la mise en scène de ces pièces, car ces pièces ont été jouées sous tous les régimes politiques. Faire le portrait de Tchaikov malgré sa courte vie est comme un voyage en charrette à travers l'immensité de la steppe. On va se laisser porter par le paysage, s'arrêter sur un détail, donner la parole aux autres voyageurs qui ont fait la route comme nous. Une approche surtout de l'homme, Tchaikov, moins connu du public, celui de la lettre. Alexei, tu avais apporté un extrait de lettre que Tchaikov avait écrit à Souvorin, son éditeur, lettre qui tracait son long et terrible chemin vers une forme de liberté. Pourrais-tu le lire en russe et je le lirai en français? N'oubliez pas de vous dire comment un jeune homme, un fils de serf, un ancien pêcheur, un chanteur, un gymnaste, un étudiant, un professeur de l'honneur, un pêcheur des mains de pape, un honneur aux pensées d'autres, qui a remercié chaque morceau de la crème, qui a beaucoup été séchée, qui a joué au cours sans la galette, qui a battu, qui a torturé des animaux, qui a aimé manger à des riches proches, qui a démonstré God et les gens sans n'importe quelle inutileur. Mais, si vous ne connaissez pas votre nid, écrivez-le, comme cet jeune homme, qui s'étend sur des dents de la sœur, et comme il, qui s'est réveillé dans un beau matin, sent que dans ses vêtements ne se tient plus de la peau de sœur, mais de la vraie, de la humaine. Ce que les écrivains nobles prenaient gratuitement à la nature, les écrivains roturiels achètent au prix de leur jeunesse. Écrivez donc un récit, ou un jeune homme, fils de sœur, ancien commis épicier, choriste à l'église, lycéen, puis étudiant, entrainé à respecter les grades, à embrasser les mains de pape, à vénérer les pensées d'autrui, reconnaissant pour chaque bouchée de pain, mente fois fouettée, qui a été donnée de laissons sans caoutchouc aux pieds, qui s'est battue, qui a tormenté des animaux, qui a aimé déjeuner chez des parents riches, qui fait l'hypocrite avec Dieu et les gens sans aucune nécessité, par simple conscience de son néant, montrer comment le jeune homme extrait de lui goutte à goutte l'esclave, comment, un beau matin, en se réveillant,