Écoutez Cause Commune 93.1 FM ou bien cause-commune.fm C'est le moment, Accords aux corps Ain't got no money, ain't got no class, ain't got no skirt, no sweater Le moment, on finit avec nos violences, introduction. Nous ne sommes que liens, relations, à nous-mêmes et aux autres. Et quand on regarde l'actualité, on va pas se mentir, tout semble partir à vau-l'eau. Entre nous, entre nous et la planète, notre relation au vivant étant fatalement le reflet de notre relation aux autres, en coupée de l'autre. On a un problème majeur, de lien, peut-être pas majoritaire en nombre, mais en importance. C'est la panne, l'impasse. Je ne sais pas comment c'était avant ou ailleurs, mais aujourd'hui, tout le monde en France et beaucoup d'individus sur cette planète sont nés dans une culture de lien, en domination, en sont matriccés. My brain's got my ears, got my eyes, got my nose, got my mind. Merci beaucoup à Juliette Troire qui m'a donné le feu vert d'enregistrer la présentation et rencontre qu'elle est venue faire à la librairie Violette Anko et merci à Louise Tachon de l'avoir interviewée et à toutes les participantes qui ont réagi et posé des questions par la suite que vous entendrez dans la dernière partie de cette émission. Merci d'être venu en onces pour cette rencontre autour du dernier essai de Juliet Drouar intitulé « Trauma » en finir avec nos violences, qui est paru chez Stock le 8 octobre dernier. Juliet Drouar, on est très heureuse de te recevoir pour ce nouveau livre. On t'a pas mal vu cette dernière année, comme on se disait, et donc merci d'avoir accepté votre invitation. Merci beaucoup à vous parce que c'est vrai que vous m'avez beaucoup vu, j'espère pas trop. Juliet Drouar, tu es thérapeute, auteur et militant. Beaucoup t'ont connu en 2021 grâce à ton premier essai « Sortir de hétérosexualité » qui est paru aux éditions Binge. Un an plus tard paraît au seuil « La culture de l'inceste », livre collectif que tu as codirigé avec Iris Bray. Ces deux essais sont d'ailleurs désormais disponibles en poche aux éditions Point Féministe et en janvier dernier est paru au seuil « Ton premier roman cuicui » pour lequel nous t'avions reçu. Dans « Trauma », en finir avec nos violences, tu proposes la thèse suivante. Les traumatistes sont le terreau des violences dans nos sociétés, y compris des violences systémiques. Plus qu'un essai de psychologie sur le trauma, c'est un livre qui pose des questions philosophiques, éthiques, politiques et essentielles. L'humain est-il naturellement violent ? Les sociétés humaines sont-elles nécessairement hiérarchiques ? Quelle est l'origine de nos sociétés violentes et hiérarchiques ? Quelle est la meilleure morale à adopter pour vivre ensemble ? Quelle forme de justice à adopter pour juguler la violence de nos sociétés ? Mais aussi, comment expliquer le vote d'extrême droite ? Tu mobilises la traumatologie, la philosophie et la psychologie sociale pour nous montrer que nous ne pouvons pas mettre un terme aux violences, y compris systémiques, dans nos sociétés, si nous ne nous soignons pas collectivement. Ma première question. La dernière fois que nous t'avions reçu pour le lancement de ton premier roman, Cui Cui, en janvier, tu avais dit que la fiction te venait beaucoup plus facilement et te cotait beaucoup moins qu'un essai. Du coup, j'ai été très surprise quand j'ai découvert l'apparition de trauma. Pourquoi est-ce que tu t'es remis à l'écriture d'un essai ? En fait, oui Cui Cui, je l'ai écrit pendant l'écriture de cet essai qui m'a pris beaucoup de temps parce que justement j'étais en grosse galère, je ramais, je me suis vraiment pris la tête là-dessus. Et du coup, à un moment donné, j'ai pensé à ne pas faire cet essai parce que ça me posait énormément de questions de légitimité à l'écrire, des questions aussi éthiques, beaucoup de choses, des peurs de blesser des personnes, des peurs de mal formuler certaines pensées. Tout ça faisait que j'ai eu un coup d'arrêt à un moment et je me suis dit que j'allais plus me faire plaisir, d'où l'écriture du roman, mais qui était aussi une manière de véhiculer des choses qu'il y a dans Trauma, qui reprend des thèmes aussi de santé mentale et de violence, dans l'idée que peut-être j'arriverai pas au bout de cet essai ou je le ferai pas. Donc voilà, c'était une sorte d'interlude, enfin oui, plus agréable. Et voilà, après j'ai continué à l'écrire aussi grâce à la rencontre de deux éditrices, parce que j'ai, non pas une, mais le bonheur d'avoir deux éditrices pour Trauma qui m'ont dit « vas-y, fais-le, c'est chouette » et des fois on a vraiment juste besoin de ça. Oui, c'est vrai qu'on retrouve beaucoup de thèmes en commun avec Kwee Kwee et aussi comment tu expliques le Trauma. Enfin, dans Kwee Kwee, il y a beaucoup de sensations corporelles, le narrateur, mais très peu de mots sur qui il ressent. Et c'est vrai qu'en lisant ce livre, ça m'a beaucoup informé sur la manière que tu avais eu d'éc