#117 – Plateformes de livraison sans vélo
proposée par Jérôme Sorrel
Diffusée le 5 juillet 2021
L’invité du jour : Jérôme Pimot
Cofondateur du CLAP – Collectif de Livreurs Autonomes de Plateforme -, ancien coursier à vélo puis livreur des plateformes en ligne, Jérôme n’accepte pas l’ubérisation de ces services et se bat pour obtenir une (bien) meilleure considération du métier de livreurs. Pour que nos repas livrés n’aient jamais le goût amer de la misère.
Des conditions de travail des livreurs de plateformes devraient couper l’appétit des clients.
Un eldorado désenchanté
Les conditions de travail des livreurs de plateformes devraient couper l’appétit des clients. Quand ces plateformes de livraisons de repas, beaucoup ont vu une façon de mettre du beurre dans leurs épinards. Des horaires à la carte, pas de patron sur le dos, une ressource financière complémentaire. Le boulot de livreur de repas à vélo avait beaucoup d’atouts sur le papier pour séduire étudiants, amoureux de la bicyclette. Quelques Livreurs en 2015 à plus de 50,000 aujourd’hui. La concurrence est féroce, une aubaine pour les plateformes qui continuent à tirer la rémunération moyenne des courses vers le bas.
L’État responsable ?
Selon Jérôme Pimot, le libéralisme de l’ère Macron s’accommode très bien de cet esprit “start-up nation”. Lors du vote de la Loi Orientation Mobilité, les députés avaient une opportunité d’imposer par le cadre législatif l’intégration de ses forçats de la route. Qu’ils passent du statut d’auto-entrepreneurs au statut de salariés avec des droits (congés, maladie, cotisation retraite…). La loi est passée, les contraintes oubliées, les livreurs continuent de circuler en auto-entrepreneur.
Les plateformes coupables ?
En baissant la rémunération à la course, les plateformes encouragent des comportements dangereux. Non respect du code de la route, rouler malgré la fatigue. Livrer à tout prix, plus vite. Pour être plus rapides, nombreux sont les livreurs à abandonner le vélo pour le scooter, la moto ou encore la voiture. Notamment dans les banlieues ou villes moyennes de province, quand la livraison passe par la départementale pas éclairée. Livrer avec un véhicule motorisé, c’est augmenter ses coûts de fonctionnement, c’est encore devoir travailler plus vite au détriment des règles élémentaires de sécurité. Et les plateformes, toujours selon Jérôme Pimot, s’en lave les mains.
Et le consommateur là-dedans ?
Il est parfois (souvent) odieux. Méprisant et insultant comme on peut le voir sur les réseaux sociaux. Il est aussi peu conscient du prix réel que devrait coûter sa livraison. Quand certaines plateformes proposent des forfaits, livraison illimitées à 8€/mois, le dindon de la farce, c’est le livreur. Jérôme Pimot propose, comme un vœu pieu que les consommateurs soient généreux en pourboires, avec 5/7€ passés de la main à la main (parce qu’un pourboire glissé sur l’application ne finit pas toujours dans les poches du livreur). Ce pourboire, c’est bien, n’est-ce pas un pansement sur une jambe de bois ?
La chronique d’Abel
À l’oreille et liens
- Un morceau de Stupéflip, “ha bas la hiérachie”
- Pour contacter Jérôme Pimot ou le CLAP, c’est là.
- Pour aller un peu plus loin, par là par exemple.
- D’autres plateformes alternatives, comme les frères Toque à Angers par exemple.
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