#04 – «No bad women, just bad laws»

Pas de mauvaises femmes, juste des mauvaises lois

Invité : Thierry Schaffauser

Contexte

A l’approche du 8 mars, Journée Internationale pour les Droits des Femmes, consacrer notre émission à notre féminisme me paraissait opportun et incontournable. Ça l’est d’autant plus que la catégorie des femmes que sont les travailleuses du sexe n’a toujours pas sa place dans les rangs du féminisme mainstream. La travailleuse du sexe n’a également pas sa place dans les rangs des travailleuses, elle pâtit ainsi de dispositions et de lacunes juridiques et institutionnelles. Pour faire face aux graves incuries auxquelles elle est confrontée, tant sur le plan politique que moral, la TDS doit résister, s’organiser et s’imposer par le prisme d’une pensée, d’une philosophie, d’un mode de vie qui construit son féminisme à elle, le Féminisme Pute.

Thelma alias Maïa Izzo-Foulquier, notre collègue artiste activiste disparue le 16 décembre 2019, trace les 3 grandes lignes de ce féminisme pute dans un article du 5 juillet 2018 sur le blog « Ma Lumière Rouge » de Thierry Schaffauser. Cet article sobrement intitulé « Féminisme Pute pour les Nul.l.es » a le mérite d’être la seule ébauche connue à ce jour en France d’une théorisation du Féminisme Pute.

Les fondements du féminisme pute sont non seulement récents mais surtout requièrent soit une connaissance approfondie du féminisme et de l’activisme ou/et une lourde expérience professionnelle dans le travail sexuel. Thierry Schaffauser m’est apparu, aussi déconcertant que cela puisse paraitre au regard des béotiens, la personne la plus sondable pour ce thème et surtout pour débattre avec moi. Il est gay je suis femme sis. Il est Escort, je suis pute de rue. Il performe plusieurs genres, je n’en performe qu’un. Il est un activiste de longue date. De Actup jusqu’à la coordination du Strass, en passant par la création du syndicat du travail sexuel, le porte parolat pour les TDS, la coordination de la Fédération Parapluie Rouge et l’implication dans le réseau communautaire TDS international via NSWP et ESWA. Il s’implique politiquement de manière plus large dans tous les mouvements intersectionnels en lutte contre les inégalités et oppressions : racisme, homo/transphobie, migration, écologie, précarité… Il a produit plusieurs écrits. Grâce à son Master en histoire du genre et son expérience dans plusieurs domaines du travail sexuel, escorting, vitrine, webcam et porno, il maîtrise l’histoire du féminisme et les spécificités du notre. Il a un parcours, une pensée, un engagement qui méritent d’être mis en lumière.

Nous allons donc ici décrire et confronter de temps à autre nos applications de ce Féminisme Pute.

Pour aller plus loin

• Thelma Hell alias Maïa Izzo-Foulquier, Le féminisme pute pour les nulLEs – Libération (liberation.fr)
• Manifeste féministe pro-droits des travailleuses et travailleurs du sexe – Manifeste féministe
• Carole Leigh : à l’origine du terme sexwork.
• Thierry Schaffauser, « Les Luttes des putes »
• Whore Power co-écrit avec Thierry Schaffauser
• Blog Ma lumière Rouge de Thierry Schaffauser
• Morgane Merteuil, Le travail du sexe contre le travail
• Paola Tabet, LA GRANDE ARNAQUE – Sexualité des femmes et échange économico-sexuel, Paola Tabet – livre, ebook, epub (editions-harmattan.fr)
• Gail Pheterson, LE PRISME DE LA PROSTITUTION, Gail Pheterson – livre, ebook, epub (editions-harmattan.fr)
• Elsa Dorlin, « Les putes sont des hommes comme les autres »
• Cesare Lombroso, thèses sur le « criminel né », Éditions Jérôme Millon – La femme criminelle et la prostituée – LOMBROSO Cesare

A l’oreille

• Talons aiguilles (Prod. Frousse) par Maïa Izzo-Foulquier alias Zelda Weinen (soundcloud.com)
• You Don’t Own Me ~~~ Lesley Gore ~~~ Melbourne 1989 – YouTube