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#106 – Ovide, poète de l’amour et de l’exil

proposée par Isabelle Kortian

Diffusée le 16 mars 2022


#106 – Ovide, poète de l’amour et de l’exil
Le monde en questions

 
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Danièle Robert, écrivain, critique et traductrice littéraire, a traduit l’ensemble des œuvres poétiques d’Ovide, traductions pour lesquelles elle a reçu le prix Laure-Bataillon classique et le prix Jules-Janin de l’Académie française. Les Héroïdes paraissent dans la collection de poche Babel. Elle a aussi traduit Paul Auster et Catulle ainsi qu’une traduction novatrice de La Divine Comédie aux éditions Actes Sud, à l’occasion du 700ème anniversaire de la mort de Dante.

Contexte

Ovide est né en l’an 43 avant J.C. dans les Abruzzes, à une centaine de kilomètres de Rome. Il reçoit l’éducation d’un jeune aristocrate et suit les leçons des deux plus grands rhéteurs de l’époque. Au retour d’un voyage qui le conduit en Grèce et en Sicile, il entreprend une carrière juridique tout en fréquentant Horace, Tibulle et Properce qui deviendra son ami intime, avant de choisir définitivement la poésie. Il devient vite le poète favori de la haute société romaine. En l’an 8 de notre ère, célèbre et adulé de tous, il est forcé à l’exil dans le Pont-Euxin par l’empereur Auguste, qui frappe aussi ses écrits d’ostracisme. Il doit alors quitter sa famille, ses amis, ses biens, sa carrière de poète. Il ne le sait pas encore, mais il ne reviendra jamais à Rome. Les motifs de son bannissement restent peu clairs à ce jour : sa trop grande notoriété, l’érotisme de sa poésie élégiaque, sa liaison avec Julie, la fille de l’Empereur, des raisons d’ordre politique ? A la mort d’Auguste, son successeur Tibère ne l’autorise pas non plus à rentrer en Italie, malgré ses supplications. Ovide meurt à Tomes (Roumanie) et sa dépouille ne sera pas ramenée à Rome. Du statut de favori, il est passé du jour au lendemain à celui de poète déchu. L’éloignement de Rome sera une sentence d’autant plus violente qu’il avait choisi cette ville qui le fascine pour y vivre et se consacrer à l’art poétique.

Ovide est l’auteur des Métamorphoses (Babel n ° 1573). Les Héroïdes, œuvre de jeunesse, seront suivis d’Amours, Soins du visageL’Art d’aimerRemèdes à l’amour, tous rassemblés sous le titre Écrits érotiques (Actes Sud, collection “Thesaurus”). Les Tristes et Les Pontiques, sont écrits en exil (Babel n ° 1670).

Danièle Robert présente Les Héroïdes, une œuvre de jeunesse du poète latin, composé de quinze lettres dont l’authenticité des quinze premières est attestée et celle de six autres, davantage problématique et, en tout état de cause, d’une rédaction plus tardive que les premières et s’en distinguant encore par le fait que les lettres d’Hélène, Héro et Cydippe sont accompagnées en retour des lettres de Pâris, Léandre et Acontius. A l’exception de Sappho, qui a réellement existé, les autres épistolières du recueil sont toutes des héroïnes de la mythologie (d’où le nom d’Héroïdes) qu’Ovide met en scène en leur attribuant des lettres imaginaires rédigées en distiques élégiaques. Elles ont en commun, souligne Danièle Robert, d’aimer à en mourir. « Qu’il soit partagé ou non, l’amour ici dépeint n’est en aucun cas un jeu badin ou superficiel ». « Les amoureuses qui se savent aimées ne supportent pas l’absence de l’être cher, la vie n’ayant de sens qu’auprès de leur amant, en totale fusion avec lui » : parmi elles, Pénélope, Hermione, Laodamie, Hypermnestre. « Quant aux femmes délaissées, trahies, abandonnées, toutes victimes de l’inconstance masculine, elles sombrent dans le désespoir le plus profond et, suivant leur personnalité, passent de la soumission à la révolte, des menaces aux supplications » : parmi elles, Phyllis, Briséis, Didon, Ariane, Médée, en proie à la jalousie.

Et si la voix de Billie Holiday, de Jessye Norman, la musique de Monteverdi ou de Purcell nous aidaient à comprendre la passion amoureuse dépeinte par Ovide dans ses multiples variantes ? Qu’elle traduise le poète latin en respectant sa prosodie, qu’elle lise ou commente Les Héroïdes, Danièle Robert veut nous faire éprouver avec force la proximité littéraire, émotionnelle ou politique nous liant à ces figures de la mythologie revisitées par Ovide.

À l’oreille

Pour aller plus loin

  • Ovide, Les Héroïdes, Lettres d’amour, traduites du latin, présentées et annotées par Danièle Robert, Actes Sud, Babel, 2022

ET

  • Dante Alighieri, La Divine Comédie, traduit de l’italien, préfacé et annoté par Daniele Robert, éditions Actes Sud
  • Radio Cause commune, Le monde en questions n°90, Dante, plus dantesque que jamais


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