À l'antenne
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Artiste

#14 – Elisabeth Roman – Faites du bruit les filles

proposée par Élise, Fred, Julie et Mehdi

Diffusée le 11 décembre 2024


#14 – Elisabeth Roman – Faites du bruit les filles
Chemins de traverse

 
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14e émission Chemins de traverse diffusée en direct mercredi 11 décembre 2024 à 22 h

Notre invitée est Elisabeth Roman : rédactrice en chef du magazine Science et vie découvertes pour les 7-12 ans, rédactrice en chef de l’émission scientifique Atomes crochus sur Canal J… Elisabeth travaille dans la presse intelligente pour enfants depuis une vingtaine d’années. Et puis, elle a eu envie de voler de ses propres ailes et de créer le magazine pour filles dont elle rêvait mais qui n’existait pas… Elle a donc créé Tchika

Vous pouvez lire la transcription.

Liens

À l’oreille

  • Shooting Stars des Bag Raiders
  • Shut up and dance with me de Walk the moon
  • Schmaltz par Jahzzar (générique)

Intervenir en direct

  • Vous pouvez nous rejoindre sur le salon web de l’émission pour participer à notre discussion en direct, nous contacter ou nous laisser un commentaire.
  • Pendant le direct, vous pouvez aussi nous appeler au 09 72 51 55 46

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Transcription

Note concernant la transcription : nous avons choisi, comme le préconise l’article Pourquoi et comment rendre accessible un podcast ?, une transcription fidèle aux propos tenus, sans suppression des tics de langage (les phrases qui ne finissent pas (…), les répétitions, les onomatopées).

Voix du générique (Laure-Élise Déniel) : Cause Commune, Chemins de Traverse, d’autres voies pour imaginer demain.

Bonsoir à toutes, bonsoir à tous pour ce quatorzième épisode de Chemins de traverse, d’autres voies pour imaginer demain.

Fred : Dans Chemins de traverse, Julie, Élise, Mehdi et moi-même Fred, nous espérons vous proposer de belles rencontres et mettre en avant des parcours personnels et professionnels, des passions, des engagements.

Merci de nous accueillir dans votre salon, votre cuisine, voire votre chambre, ou peut-être encore pendant votre séance de sport.

Notre invitée du jour est Élisabeth Roman, rédatrice en chef du magazine Science et Vie Découvertes pour les 7-12 ans, rédactrice en chef de l’émission scientifique Atomes crochus sur Canal J.

Élisabeth a travaillé dans la presse intelligente pour enfants depuis une vingtaine d’années, et puis, elle a eu envie de voler de ses propres ailes et de créer le magazine pour filles dont elle rêvait mais qui n’existait pas.

Elle a donc créé Tchika.

On va parler de ça et de bien d’autres choses.

Avant que la discussion ne commence, je vous rappelle que nous sommes en direct ce mercredi 11 décembre 2024 sur radio Cause Commune, la voie des possibles sur 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France, partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

N’hésitez pas à participer, à intervenir en direct.

Étienne qui réalise l’émission ce soir vous attend au téléphone.

Bonjour Étienne.

Étienne : Salut Fred.

Pour cela, notre téléphone est branché.

Appelez-nous 09 72 51 55 46, 09 72 51 55 46 ou alors vous pouvez réagir sur le salon web de la radio.

Rendez-vous sur le salon Causes Communes, bouton chat, salon Chemins de traverse.

Bonsoir Elisabeth.

Elisabeth : Salut Fred.

Alors, je crois que ton micro n’était pas ouvert.

Fred : Bonsoir Élisabeth.

Elisabeth : Ok, alors je vais te redire.

Salut Fred.

Fred : Alors donc, comme je l’ai dit tout à l’heure, tu as créé récemment en 2019 un magazine pour les filles de 7 à 12 ans Faites du bruit les filles, mais on va en parler un petit peu au cours de l’émission, qui s’appelle Tchika.

Mais d’abord, on va commencer un petit peu par parler de ton parcours.

C’est aussi un peu le principe de l’émission Chemins de traverse, c’est de voir un petit peu comment les gens en sont arrivés là où elles sont aujourd’hui.

Et en fait, j’ai envie de te demander, étant donné que tu as créé un magazine pour les 7 à 12 ans, pour les filles de 7 à 12 ans, j’ai envie de te demander comment tu étais quand tu étais une petite fille.

Parce que j’ai lu dans une interview pour Radio France, je crois, que tu disais que tu étais une petite fille forte.

Est-ce que c’était le cas ?

Et qu’est-ce que tu entends par petite fille forte ?

Elisabeth : Disons que moi, si tu veux, j’ai eu la chance de naître dans la fin des années 70.

Pour les filles, je pense que ça a été une bonne période, parce que déjà on pouvait faire les études quand même qu’on voulait.

Tu vois, c’est post MLF en fait, post-années 68.

Fred : Mouvement de libération des femmes

Elisabeth : Ouais, post-années 68.

Donc, il y a pas mal de choses sur lesquelles on a été libérées jusqu’au, tu vois, années 80 où là, il y a eu un revival des années fric avec le rose, le bleu qui sont re-arrivés pour les filles, etc.

Donc, moi, je suis dans une période où même, si évidemment, rien n’a été, tout n’a pas été réglé, il n’empêche que oui, je trouve que les filles de ma génération, on a été des filles assez fortes dans le sens où on a fait un peu ce qu’on a voulu au niveau des études et des métiers.

Tu vois, d’ailleurs, moi, j’ai fait des études scientifiques.

Les filles qui étaient dans ma classe, il n’y avait aucun problème.

On n’était pas des ovnis en fait, tu vois.

Fred : Alors d’ailleurs, justement, quand tu étais en collège, lycée ou même en primaire parce que le magazine s’adresse aux 7-12 ans, est-ce que tu savais déjà ce que tu voulais faire ?

Est-ce que tu savais déjà que tu serais dans la science, dans le journalisme ?

Elisabeth : Je voulais faire des drôles de métiers.

Alors, j’ai voulu être ingénieure en farces et à attrappes.

Fred : Ah, c’est un beau métier, ça.

Elisabeth : J’en sais rien.

Je ne sais pas si ça existe vraiment.

En fait, avec du recul, je trouve ça génial que j’ai eu envie de faire ça.

Je trouve que c’est exactement ce que je suis.

Je suis un peu barrée.

J’aime beaucoup les choses un peu originales.

Donc, ce métier était plutôt, voilà, c’est très drôle que j’ai eu envie de faire ça.

À un moment donné, je me souviens très bien d’avoir écrit une dissert quand j’étais petite où je voulais être hôtesse de l’air.

Et là, en fait, je m’étais fait engueuler par la maîtresse qui m’avait expliqué que c’était juste une serveuse dans un avion.

Et en fait, c’est un peu fou parce que moi, j’adore voyager.

J’adore.

Et au fond, peut être que j’aurais kiffé d’être hôtesse de l’air.

Mais tu vois, ça m’a flinguée, en fait, je crois, à ce moment-là.

À un moment donné, j’ai eu une vague idée, genre vétérinaire parce que j’ai eu un chat.

Mais ça, c’est tous les gamins.

Et non, non, ma révélation s’est faite très tard, en fait, sur mon vrai métier, celui d’aujourd’hui.

Fred : Alors, à quel âge ?

Elisabeth : Eh bien, disons que ça a été à 21 ans.

C’est-à-dire, j’ai passé un bac à l’époque C.

Fred : Donc bac scientifique, maths-physique principalement.

Elisabeth : Voilà.

Ensuite, je me suis retrouvée très peu de temps en classe prépa parce que très vite, je suis partie à la fac.

Ce n’était pas pour moi les prépas.

Et puis j’ai fait, je suis allée jusqu’à la maîtrise de physique.

Et en fait, ça commençait vraiment à m’angoisser parce que je me demandais qu’est-ce que je vais faire dans un labo ?

Ça ne me passionnait pas du tout.

Je faisais ce genre d’études parce que ça fonctionnait, mais je n’étais pas super fan.

Fred : Quand tu dis que ça fonctionnait, c’est parce que tu étais à l’aise dans ces études.

Elisabeth : À l’aise, je ne dirais pas.

Je passais d’une année à l’autre.

Il y avait toujours les bons vieux cracs, les ovnis.

Là, on peut dire qu’il y avait vraiment des ovnis dans ces études-là.

Mais tu vois, qu’est-ce que je fais là-dedans ?

Mais par contre, j’avais des amis avec qui on faisait des trucs toujours un peu barrés.

C’est-à-dire, évidemment, jouer à Donjons et Dragons.

On se faisait des faux magazines, etc. pour les anniversaires.

Il y a beaucoup de choses comme ça qui sont passées dans ma vie.

Je sors d’un cours de maîtrise de physique et je vois, j’ai encore cette vision, cette fille qui était l’année d’avant dans la même classe que moi et qui avait disparu.

Je lui dis « mais que fais-tu ? »

Elle me dit « je suis à Paris, je fais des études de journalisme scientifique ».

Et là, j’ai dit « c’est pour moi ».

Fred : À l’époque, tu n’étais pas à Paris, tu étais à Nice.

Elisabeth : Oui, je suis de Nice.

Donc là, je me suis dit, c’est pour moi.

Il y a eu comme une espèce d’évidence d’un seul coup.

C’était la libération du truc.

Moi, des petits journaux, j’adorais écrire.

Je suis montée à Paris faire des études de journalisme.

Fred : C’était la transmission des connaissances qui t’intéressait ?

Elisabeth : Je pense que d’abord, c’est la curiosité.

Je suis quelqu’un d’extrêmement curieux.

Je pense que le premier truc d’un journaliste, c’est la curiosité.

C’est comprendre les choses aussi, savoir le pourquoi.

En fait, c’est un petit peu ce qu’on nous demande quand on est journaliste.

La transmission, c’est extrêmement important et très vite, je me suis retrouvée, après on rentrera dans les détails, dans la presse enfant.

La presse jeunesse, c’est vraiment ce que je kiffe le plus.

Fred : Tes études, on va y revenir sur la presse enfant parce que c’est un peu, effectivement, ta spécialité, ce qui te fait kiffer comme tu le dis.

Tu fais des études de journalisme scientifique à Paris.

Elisabeth : Oui, Paris 7.

Fred : Paris Diderot, si je me souviens bien.

Elisabeth : Jussieu.

Jussieu, excuse-moi.

C’est assez large le journalisme scientifique.

Ou est-ce que tu as déjà une spécialité dans le cadre de ces études ?

Elisabeth : Non, pas du tout.

Dans le cadre de ces études, effectivement, c’est assez large.

On fait des papiers un peu sur tout.

Déjà, on apprend à écrire un papier.

On apprend à l’époque à faire des choses qui n’existent plus, des diaporamas.

C’est-à-dire qu’on part avec nos appareils photos et ensuite, on construit des des diapositives, des espèces de trucs avec de la musique et des commentaires dessus.

Il faut voir, on est en 88.

On nous apprend à faire ça.

On nous apprend à faire du son, etc.

En fait, on apprend les bases du métier de journaliste à part qu’on sait parler de sciences puisqu’on est censé tous, il y a des gens qui viennent de bio, d’autres de l’informatique, etc. On est censé connaître un petit peu le sujet.

Fred : Vous avez un bagage scientifique, on va dire.

Elisabeth : Un bagage scientifique

Fred : Chacune et chacun dans un domaine particulier à chaque fois.

Elisabeth : On a passé un petit concours où, à l’époque, on devait faire un papier sur la mémoire de l’eau.

Je me rappelle très bien.

Puis, on a été choisis.

On devait être une quinzaine.

On se retrouve pendant deux ans.

La première année, c’est génial.

Je suis très contente d’apprendre plein de choses.

Et la deuxième année, c’est l’horreur parce qu’en fait, l’année, c’est mémoire de maîtrise.

Donc, on va quasiment plus en cours.

L’idée, c’est qu’on doit faire un mémoire de maîtrise sur un sujet précis.

Oui, je ne sais même plus ce que j’avais fait.

Fred : C’était ma question.

Quel était son sujet de maîtrise ?

Elisabeth : Il m’a tellement passionnée.

Je crois que j’ai fait un mémoire de maîtrise sur une émission scientifique à la télé.

Fred : Tu te souviens de laquelle ?

Elisabeth : Non, non plus. Cela ne m’a pas marqué.

Fred : Ça ne t’a pas marqué du tout.

Elisabeth : Non, parce que c’est une année affreuse.

Autant la première année, c’était génial. On allait en cours.

Autant là, on se retrouvait de nouveau.

Donc là, je dis qu’il faut que je fasse quelque chose.

Il faut que je reprenne encore une année d’études pour me remettre dans le bain.

Fred : Après ta maîtrise, tu reprends des années d’études ?

Elisabeth : Oui, je fais un DESS.

Je fais un DESS à l’Institut Français de Presse.

Pareil, je réussis sur concours.

D’abord, je suis très fière de réussir mon concours parce qu’on n’est que 20 à être choisi.

Là, pour le coup, c’est un truc qui est un petit peu prestigieux, moins que les grandes écoles, mais un petit peu prestigieux.

Je suis la seule à connaître les sciences.

Je me retrouve avec plein de gens d’univers différents, mais qui ont déjà fait un petit peu d’études de journalisme.

Et là, on va un peu plus loin.

Encore un truc délirant.

Alors maintenant, ça aurait pu nous servir, mais pas à l’époque.

On apprend à présenter un journal télé.

Maintenant, avec toutes les chaînes d’information, ça pourrait nous servir.

Mais à l’époque, on est en 90.

Fred : Il n’y en a que 2 ou 3.

Elisabeth : Disons, tu peux aller sur France 3 Régions, ce qui est arrivé à une des filles.

On apprend quand même des trucs.

Et puis bon, là, je me fais aussi encore des amis, certains que je connais encore.

Donc, c’est un très, très chouette moment pour moi.

Je suis de nouveau dans l’énergie, etc.

Et puis voilà, c’est vraiment une année très chouette, à part que c’est à Assas.

Mais bon, sinon, c’est une très, très bonne année.

Fred : On va préciser Assas, qui est réputé pour être une fac de droite, voire d’extrême droite.

Ça a peut-être changé aujourd’hui

Elisabeth : Mais on était en sous-sol.

Fred : C’est-à-dire ?

Elisabeth : C’est-à-dire que les cours se faisaient en sous-sol.

Donc, on ne rencontrait pas les autres élèves, si tu veux.

Fred : Un peu particulier, donc.

Donc, tu obtiens ton DESS, en 91, 92 ?

Elisabeth : 91, oui

Fred : Est-ce que tu travailles tout de suite ?

Fred : Oui, très, très vite.

Je fais des piges, je commence à faire des piges pour un magazine qui s’appelle Réponse à tout ! Alors, il faut s’imaginer

Fred : c’est un magazine de papier ou télé ?

Elisabeth : C’est un magazine de papier.

Alors, il faut imaginer, 91, c’est vraiment une époque où, comment dire, tu n’as pas Internet encore.

Voilà, enfin, pas pour…

Fred : Oui, c’est très balbutiant..

Elisabeth : Pas de téléphone portable non plus.

Il faut aller les chercher des infos.

Donc, si tu veux, pour trouver des experts, par exemple, tu as des gros bouquins qui sont mis à jour chaque année avec des téléphones, tu vois, genre l’annuaire des chercheurs.

Enfin, tu vois, c’est un truc de fou.

Tu vas à Beaubourg, à la bibliothèque de Beaubourg, pour trouver plein de livres avec des sources, etc.

Et Réponse à tout ! j’ai bien aimé.

C’était assez léger.

Il y avait aussi Réponse à tout santé !.

Donc, avec mon ami Marie, on faisait des choses assez drôles sur, par exemple, les vertus de l’ail, tu vois.

Enfin, tu vois, c’était très léger.

C’était vraiment des articles très légers, mais ça nous…

Fred : Ça te plaisait ?

Elisabeth : Oui, bien sûr, ça me plaisait dans le sens où, comment dire…

C’était quand même pas évident, pareil, à l’époque, de trouver…

Tu sais, à l’époque, on nous disait toujours que pour trouver des piges et des choses, ça va être compliqué.

Et oui, c’est vrai, c’était compliqué quand même, tu vois.

Donc voilà, on a pu avoir notre carte de presse grâce à ça très vite.

Et voilà, ça nous a permis tout de suite de travailler, d’avoir de la thune.

Moi, c’est toujours ce que je dis à mes étudiants.

Tout le monde a envie de travailler dans des magazines ou dans des télés ou dans des radios dites prestigieuses, mais va voir dans un kiosque ce qu’il y a, quoi.

Il y a des milliards, enfin, des milliards, non, peut-être pas, mais des centaines de magazines en France.

Que ce soit ce que tu vois dans les kiosques ou même de la presse pro, qui peut être super intéressante.

Moi, je pense qu’il faut pas…

Ce qu’il faut, c’est se faire plaisir et penser à son lecteur.

Donc voilà, moi, le prestige du lieu m’importait peu, en fait.

Fred : D’accord.

Donc là, c’est le magazine Réponse à tout !

Donc, c’est pas orienté jeunesse.

Donc, comment tu vas arriver à une orientation de médias jeunesse, de connaissance, on va préciser, c’est-à-dire de transmettre la connaissance à la jeunesse ?

Elisabeth : Il faut que je m’en souvienne.

En fait, c’est vraiment par hasard, c’est-à-dire que je commence aussi à piger, tu vois, dans des émissions comme…

Fred : La télé, donc ?

Elisabeth : Oui, j’ai fais aussi de la télé.

Je bosse pour une émission qui s’appelle Écolo 6 sur M6.

J’ai fait beaucoup de choses, en fait.

J’y fais des milliards de trucs.

Et puis, à un moment donné, j’ai…

Donc, je bosse à la télé, voilà.

Et à un moment donné, j’ai une copine qui m’appelle et qui me dit « bah écoute, tu cherches un rédac chef pour une émission qui s’appelle Atomes Crochus, qui est une émission scientifique pour le coup, pour enfants, sur Canal J. Et bah, vas-y quoi, pose ton CV ».

Et moi, en fait, j’avais déjà fait un peu de télé.

Et donc, pendant quelques années, trois ans, je crois, j’ai été rédac cheffe de cette émission.

Fred : Attends, avant de dire que t’as passé trois ans. Je suppose que sur un tel poste, il y a quand même beaucoup de candidatures ?

Elisabeth : Bah écoute, j’en sais rien.

Fred : Tu sais pas ?

Elisabeth : Bah non, c’était pas évident.

Il fallait déjà être un peu scientifique.

Il fallait avoir fait un peu de télé, tu vois.

Voilà, moi, non, non. Ils avaient même pas passé d’annonce, c’était genre ils cherchaient quelqu’un, d’avant qu’on venait pas.

Souvent, ça a été ça dans ma vie.

Fred : Donc, un coup de chance au hasard.

Elisabeth : On prenait quand une personne avait été embauchée et qu’elle convenait pas, tu vois.

Et que donc, ils étaient en panique parce qu’il fallait vite trouver quelqu’un.

Fred : D’accord.

Elisabeth : Donc, je me retrouve là.

Fred : Pour les personnes qui connaissent pas Atomes crochus, ce qui est mon cas, c’est donc une émission scientifique qui s’adresse à quel type de public ?

Elisabeth : Les enfants, puisque c’était sur Canal J.

Parce que Canal J, ça a été la première chaîne du câble, tu vois, pour enfants.

Donc, je sais pas, on est dans les années 94, un truc comme ça, 95.

Fred : Des enfants de quel âge ?

Elisabeth : Oh bah, c’était des tous petits jusqu’à 12 ans, tu vois.

Il y avait plein d’émissions.

C’était toute la journée, t’avais la quotidienne qui s’appelait Cajou.

Tu avais plein, plein, plein de magazines différents.

Il y en avait un qui était génial, ça s’appelait Captain J et j’adorais cette émission.

C’était un gars.

Fred : Il était déguisé, c’est ça ?

Elisabeth : Jean-François Bordier.

Jean-François Bordier se déguisait en Captain J et il allait dans des usines pour voir comment étaient fabriqués des objets.

Mais c’était génial parce qu’il le faisait un peu, tu sais, avec les moyens du bord.

Donc, il arrive avec sa trottinette, avec une espèce de tenue de super-héros du pauvre.

Mais il n’empêche qu’on arrivait à voir comment se fabriquait une poupée, par exemple, et puis les ouvriers étaient là : « Bonjour Captain J ! ».

C’était génial, c’était drôle.

Enfin, tu vois, c’était une émission qui était géniale.

Et donc, ce fameux Jean-François était aussi mon animateur.

Et donc, chaque semaine, on avait une émission d’une demi-heure autour des sciences avec des reportages.

Parfois, on partait faire des…

Tu vois, c’était l’époque.

Tu appelais Air France en disant « Bonjour, nous avons une émission d’une demi-heure sur Canal J, nous aimerions partir faire une émission spéciale à La Réunion. » Ben Air France t’envoyait huit billets, quoi, aller-retour, juste pour avoir écrit « Avec Air France ».

Fred : Avec Air France, d’accord.

Elisabeth : Mais même pas au début, tu vois, genre dans le générique qui passe à la fin.

La télé avait une espèce d’aura incroyable, même cette chaîne qui était une petite chaîne du câble, malgré tout.

Même si c’était…

Parce que bon, le câble, les gens étaient obligés de payer.

Donc, c’était une chaîne qui avait de l’argent, quand même.

Fred : Oui, mais cela ne faisait pas partie des chaînes les plus connues, on va dire, sur le câble à l’époque.

Elisabeth : Non, mais tu vois, comme quoi les choses changent.

Aujourd’hui, Air France ne veut pas te donner des trucs.

Fred : Donc, tu passes trois ans là-bas.

Elisabeth : Ouais, je reste trois ans.

Après, je pars aux États-Unis pendant un an, à San Francisco.

Là, je te parle, on est en 99, puisque je passe l’an 2000 là-bas.

Pendant un an je reste à San Francisco, parce que mon rêve, ça avait toujours été de partir aux États-Unis.

Voilà, tu vois, sûrement un rêve de ma génération.

Et donc, là-bas, en fait, c’est un peu, je découvre Internet.

Alors, tu sais, c’est le moment où il y a plein de sites qui se mettent en route et plein qui s’arrêtent.

Donc, je travaille pour un site qui s’appelle Kasibao, qui est un site pour les enfants, qui n’existe plus, évidemment.

Bref, même à distance, je travaille comme ça.

C’est le début d’Internet.

Je regrette un peu à ce moment-là de ne pas avoir, comment dire, d’avoir été plus sur le net, tu vois.

Même si j’adorais ça, à un moment donné, on a quand même aussi…

Donc, on rentre des États-Unis.

Il y avait un gars qui avait fondé une chaîne qui s’appelait Canal Zap, qui était un petit peu…

Comment te dire ?

Bon, il faut…

J’ai l’impression d’être une vétérante.

C’est à l’époque où, tu sais, on a « bip, bip, bip, bip » quand on va sur Internet.

Fred : Ah, les modems qui font un petit bruit.

Les gens qui nous écoutent, en tout cas, de notre génération, savent ce que c’est, mais les gens les plus jeunes, non.

Elisabeth : Voilà, la fibre, ça n’existe pas.

Donc, quand on allait sur Internet, c’était hyper long.

Fred : Et ça coûtait cher.

Elisabeth : Ça coûtait cher.

Les vidéos, il y en avait un tout petit peu.

Et donc, Canal Zap, c’était une espèce de guide des vidéos du net.

Et 2000, c’est là où il y a plein de chaînes. Je ne sais pas si tu te souviens, qui explosent.

Il y a plein de chaînes qui se mettent sur le net, qui se créent sur le net, comme Canal Web.

Je ne sais pas si tu te souviens de ça.

Fred : Non

Elisabeth : Alors, Canal Web, évidemment plein de gens ont sous. Ils avaient des sous à gogo, puisqu’il y avait plein de gens qui investissaient dans tout, n’importe quoi.

Fred : C’est à l’époque de la bulle Internet, avant qu’elle n’explose.

Elisabeth : Voilà.

Donc, Canal Web et d’autres chaînes.

T’arrivais, t’avais une envie d’émission télé et t’étais dans un studio grand comme un aquarium et t’avais des sujets très pointus qui n’existaient pas.

Tu vois, le gars qui était fou de pêche d’un certain poisson, l’autre qui était fou de chasse au trésor, etc.

Donc, Canal Web, c’était un petit peu la chaîne de tout et n’importe quoi.

Donc, Nous, Canal Zap, on faisait des résumés de ce qui se passait.

Très vite, le streaming est arrivé.

Tout ça n’a plus lieu d’être.

Et plein de chaînes télé se sont arrêtées.

C’est un petit peu comme ça que j’ai touché le web du doigt dirons-nous, pendant plusieurs périodes.

Et puis après, j’ai enchaîné et je suis repartie sur le papier.

Je suis repartie sur le papier et j’ai été rédac cheffe d’un magazine de jeux vidéo.

Alors que je n’y connaissais pas grand-chose, qui s’appelait Kid Paddle Magazine.

Donc, Kid Paddle, peut-être que tu connais, c’est une bande dessinée de Midam.

C’est une bande dessinée très connue où c’est un petit gamin qui est fou de jeux de vidéo, etc.

Et donc, c’est un moment donné où la licence Kid Paddle explose.

Donc, ils font plein de fringues, plein d’objets, etc.

Fred : Des produits dérivés

Elisabeth : Du merchandising à gogo, et un magazine.

Et un magazine de jeux vidéo pour les petits.

Donc, moi, j’arrive en tant que rédac cheffe, mais c’est vrai que je n’y connais rien à ce sujet, mais je sais faire un magazine, je sais faire des rubriques avec un thème en fait, et je sais l’adapter aux enfants.

Donc, ce qui fait que j’ai des testeurs de jeux vidéo, journalistes, une équipe avec une maquettiste, avec ce qu’on appelle une secrétaire de rédaction, c’est-à-dire une personne qui relit, qui coupe, qui change l’orthographe, etc.

Et puis, des gars, surtout des gars, il y avait peut-être une fille testeuse, qui testent des jeux vidéo dits pour enfants et puis qui font des critiques, etc.

Voilà.

Ou plein de choses.

On faisait des fausses interviews de héros de jeux vidéo, etc.

Donc, voilà, je reste aussi quelque temps là-dedans.

Fred : D’accord, ok.

Et à quel moment t’arrives à Science et Vie Découvertes ?

Elisabeth : Eh bien, à la fin, on y arrive.

Fred : Ah, d’accord.

Elisabeth : Oui, un jour, je craque parce que, je peux le raconter parce qu’en fait, ça explique ma fin.

Un jour, donc, il sort un jeu vidéo Kid Paddle et on est censé le critiquer.

Et le journaliste qui critique le jeu, me dis, il est nul.

Qu’est-ce qu’on fait ?

Dans le magazine Kid Paddle, on parle du jeu Kid Paddle en disant qu’il est nul.

Fred : C’est compliqué.

Elisabeth : Mais je le fais.

Fred : D’accord.

Elisabeth : Je le fais et évidemment, la femme du créateur du jeu, qui maintenant est devenue une de mes meilleures amies après cette aventure, voit ça et horrifiée, parce qu’elle-même elle a aidé un peu à la création de ce jeu vidéo.

Elle appelle la grande patronne de l’entreprise de presse dans laquelle je suis et je me fais hurler dessus pendant trois heures.

Et dans ma tête, je me dis, c’est fini, là, je vais me casser.

Ce n’est pas possible.

Bon, tu vois, j’étais tellement dans le truc.

Tu vois, tu as été choqué en te disant comment tu as fait pour critiquer.

Moi, ça n’avait pas posé de problème.

Fred : Je n’ai pas dit que j’étais choqué.

Ça me surprenait effectivement que tu oses le faire.

Elisabeth : Voilà, ben écoute, je ne sais pas, je devais être naïve à l’époque, mais moi, je l’ai fait.

Et donc, évidemment, elle me hurle dessus..

Et là, je dis OK, non, ça ne va pas être possible.

Et je ne sais pas pourquoi, j’envoie mon CV à Science et Vie découvertes.

Et comme pour Canal J, il y avait une nana qui avait été embauchée comme rédac cheffe qui ne convenait pas.

Et donc, je suis prise, le temps de finir le mois et je suis prise tout de suite.

Fred : Alors, peut-être que les gens qui nous écoutent connaissent plus Science et Vie Junior qui est un peu plus pour les ados, alors que Science et Vie découvertes, c’est pour les 7-12 ans en gros.

Elisabeth : Voilà, c’est pour les 7-12 ans dans la galaxie Science et Vie.

Tu as Science et Vie découvertes effectivement, qui est moins connu, mais qui, si tu veux, en fait, dans la presse enfant souvent on fait ce qu’on appelle du chaînage.

Aujourd’hui, d’ailleurs, ils ont même créé quelque chose pour les encore plus petits qui s’appelle Nano chez Science et Vie.

Et donc, parce qu’on se dit, on sait que par exemple, toi, imaginons que tu es abonné à un magazine pour adulte.

Si c’est vraiment un magazine qui te plaît, tu peux rester 10, 15, voire 20 ans.

Un gamin, en moyenne, il reste deux ans et demi sur un magazine.

Donc, si tu veux, l’idée, c’est de le garder le plus longtemps possible.

Alors là, je te parle vraiment d’économie, de stratégie.

Donc, on crée un chaînage.

Donc, avant Junior, on s’est dit, tiens, on va faire Découverte et puis avant découverte, tiens, on va faire Nano, etc.

Comme ça, on se dit, ce gamin, on peut le garder de 4 à 18 ans.

Et après, à 18 ans, hop, tu vas peut-être aller sur Science et Vie.

Voilà.

Fred : Il change de magazine, mais il ne change pas de boutique, en fait. C’est toujours la même boite.

Elisabeth : Voilà, c’est ça. L’argent va toujours au même endroit.

C’est ça, l’idée.

Fred : D’accord.

Et Science et Vie Découvertes, t’es rédac cheffe.

Est-ce que vous, parce qu’on va parler tout à l’heure du transfert de connaissances, notamment pour les filles, est-ce que vous aviez, je suppose, des analyses de lectorat entre filles et garçons sur Science et Vie découvertes ?

Elisabeth : Complètement.

C’est ce qui m’a poussée, d’ailleurs, à faire après certaines choses dans Tchika que je te raconterai.

Effectivement, on avait 60% de garçons abonnés, donc plus de garçons.

Et d’ailleurs, comment dire ?

Alors, moi, je tenais quand même à faire certaines choses.

C’est-à-dire, par exemple, tu vois, un mois sur deux, je faisais en sorte que ce soit une fille qui fasse l’expérience.

Tu sais, t’as toujours une petite expérience à faire chez toi.

Donc, on faisait des photos en studio avec le gamin ou la gamine en train de faire l’expérience.

Je faisais un mois sur deux, un magazine sur deux, c’était une fille ou un garçon.

Dans les articles que je pouvais écrire, maintenant que j’y repense, par exemple, si je disais « tu es prête », parce qu’on parle souvent aux enfants quand on écrit, moi, je mettais « tu es prêt », j’ouvrais une parenthèse « e » et je fermais la parenthèse, tu vois.

Fred : Alors, c’était le mode d’écriture inclusive à l’époque.

Elisabeth : Une écriture inclusive avec des parenthèses, ce n’est pas terrible.

Fred : En fait, c’est l’époque, parce que c’est 2005-2006.

Moi, par exemple, à cette époque-là, je fréquentais beaucoup Les Verts et sur les listes de discussion, c’était beaucoup l’utilisation de parenthèses ou de « e » majuscules.

Elisabeth : Celle-là, je ne le connaissais pas.

Fred : Donc, aujourd’hui, l’écriture inclusive a beaucoup progressé.

Elisabeth : Oui, clairement.

Fred : Donc, ceci dit, 60%, 40%, je pensais que le décalage serait plus important, tu vois.

Elisabeth : Oui, tu as raison.

Mais alors, je vais te dire un truc.

Non, ce n’est pas déconnant en y réfléchissant.

Pourquoi ?

Parce que les garçons lisent aussi moins que les filles, tu vois.

Tu comprends ce que je veux dire ?

Fred : Je vois bien.

Cela rééquilibre, quoi, entre guillemets.

Elisabeth : Ils lisent moins parce qu’on leur dit dans les injonctions qui sont faites aux garçons c’est « la lecture c’est pas pour toi » globalement.

Fred : : Oui, c’est « fait du foot, ne lis pas » en gros.

Elisabeth : Voilà. Donc, tu vois ce que je veux dire.

Fred : D’accord.

D’ailleurs, tout à l’heure, on parlera du sujet des injonctions, notamment faites aux filles et aussi aux garçons, d’ailleurs.

Donc, ça, c’est Sciences et Vie Découvertes.

Tu vas y rester combien de temps ?

Elisabeth : Oh, j’y reste une dizaine d’années.

Et puis, toujours, tu sais, les départs, c’est toujours un petit peu dans certains drames.

Fred : Tu es restée pas mal longtemps par rapport à tes autres expériences, finalement.

Elisabeth : Oui, oui.

Je pense que plus tu vieillis plus, plus tu te fatigues.

Non, là, je pars, parce qu’à l’époque, cette entreprise de presse, qui est une grosse entreprise de presse, qui a beaucoup de magazines.

Fred : C’est quoi ?

C’est Mondori, c’est ça ?

Elisabeth : Mondadori.

Fred : Mondadori, oui.

Elisabeth : Donc, voilà, ça a payé. C’est Bunga Bunga Party à notre cher, J’ai plus son nom merde, l’italien.

Fred : Silvio Berlusconi.

Elisabeth : Silvio Berlusconi.

Fred : On va laisser les gens chercher Bunga Bunga Party, Silvio Berlusconi sur Internet.

Elisabeth : C’est assez fou, d’ailleurs, parce que c’est là où tu te rends compte et c’est très intéressant, même mentalement, de te dire que tu peux…

Et ça, je m’en suis rendue compte dans ma vie, que tu peux, comment dire, afficher des idées politiques extrêmement fortes et parfois, dans ta vie personnelle, faire des choses qui ne sont pas très louables.

Fred : Tu parles pour toi ou pour Silvio Berlusconi ?

Elisabeth : Pour moi, bien évidemment.

C’est-à-dire, je pense que…

Je ne sais pas, je crois qu’on était…

Je ne sais plus combien il y avait de magazines, une trentaine, une quarantaine de magazines dans ce groupe.

Beaucoup de gens à gauche.

Pourtant, ils travaillaient tous pour Berlusconi, tu vois.

Donc, si tu veux, avec le recul, pas terrible.

Alors, tu trouves toujours des excuses, mais bon, bref…

Et donc, voilà, Mondadori, à un moment donné, est venu en France pour lancer un magazine qui s’appelait Grazia, qu’ils ont lancé.

Et puis bon, finalement, je pense qu’ils en ont eu assez d’être en France, ça ne faisait pas assez de thunes, ils décident de revendre.

Et tu sais, c’est un peu comme tout. Une boîte qui décide de revendre, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle essaie d’avoir le moins de salariés possible.

Fred : Oui, elle licencie donc.

Elisabeth : Voilà.

Alors, l’idée, c’est qu’on ne licencie pas les gens. On ne peut pas les licencier, mais on fait des espèces d’accords.

Fred : C’est-à-dire qu’on encourage financièrement les gens à partir ?

Elisabeth : Oui, de plein de façons différentes.

Fred : Ou par la pression ?

Elisabeth : Alors, de plein de façons différentes.

Moi, j’ai une copine. Elle, pour le coup, elle a été convoquée. On lui a dit en cinq secondes, tu sors. Elle a eu un choc.

Il y en a une autre, on lui a dit « voilà, c’est ton bureau » c’est un placard.

Du coup, elle est partie.

Alors, poour moi, il y a eu a une autre technique.

On a mis entre moi et mon chef, qui était mon chef depuis dix ans, un autre gars.

Ça, c’est une autre technique.

Et l’autre gars, quand il arrive, il est très méchant.

Voilà.

Tu ne comprends pas pourquoi on te met un second niveau.

Et là, j’ai compris que moi aussi, on allait vouloir me faire partir.

Donc, dans ces cas-là, tu négocies ton départ.

Voilà.

Tu vois, il y a plein de techniques différentes.

Donc, moi, j’ai négocié mon départ.

Et je me suis retrouvée, « ben maintenant, je fais quoi ? ».

Et en fait, moi, j’avais envie, pour une fois, d’être un peu libre.

Et je me suis dit, tiens, si je lançais un magazine scientifique pour filles, tu vois, au départ. Pparce que justement, je me disais, malgré tout, je ne sais pas si, bon, je pense que tu connais les chiffres, mais en France, il n’y a que 30% de chercheurs femmes.

Donc, il y a très peu.

Et dans le digital, c’est que 10% de femmes.

Fred : C’est ce que j’allais dire, en informatique, c’est encore pire.

Elisabeth : C’est encore pire.

Donc, si tu veux, alors que tu vas te dire, le digital, souvent, les filles, tu les trouves dans le market ou des trucs comme ça.

En plus, tu ne vas pas voir forcément beaucoup de développeuses ou des choses comme ça.

Donc, tu vois, j’avais une envie de se dire, « mais merde, tu vois, pourquoi c’est encore une injonction qu’on fait aux filles quand elles sont petites ? « Les sciences, ce n’est pas pour toi », « les filles sont nulles en maths ». Alors ça, c’est clair. C’est ce qu’on dit.

Donc, voilà, j’ai envie de créer un truc comme ça.

Et puis, on est en 2018.

Et là, je commence un petit peu à regarder des choses et à me dire, mais non, il y a plein d’autres choses à dire que les sciences.

Il y a plein d’autres choses à dire, en fait.

Et c’est comme ça que je commence à créer toute seule, sur mon petit ordi portable, Tchika.

Fred : Alors, ce que je te propose, c’est qu’on va faire un peu de teasing.

On va laisser les gens avec une pause musicale avant d’aborder Tchika.

Il y a deux pauses musicales.

Tu veux choisir laquelle ?

Elisabeth : Alors, celle qui m’a tenue.

Fred : Si tu veux l’expliquer aussi.

Elisabeth : Oui, cet été, pour la première fois de ma vie, je suis partie loin, seule en vacances.

Je suis partie en Corée du Sud.

Et en fait, cette chanson, donc Shooting Stars, m’a accompagnée pendant tout ce séjour et m’a donné une… Je ne sais pas, quand je marchais dans les rues de Séoul avec cette musique, ça me donnait beaucoup de joie. Je la trouve extrêmement joyeuse.

Voilà, j’ai envie de mettre un peu de joie ce soir.

Écoutez, on va écouter donc Shooting Stars par Bag Raiders.

On se retrouve dans trois minutes cinquante.

Belle soirée à l’écoute de Causes Commune, la voix des possibles.

[ Diffusion de la pause musicale ]

Voix du jingle (Laure-Élise Déniel) : Cause Commune, 93.1.

Fred : Nous venons d’écouter Shooting Stars par Bag Raiders.

C’était un choix musical d’Elisabeth Roman, notre invitée du jour.

Donc, juste avant la pause musicale, Elisabeth nous racontait un peu son parcours de journaliste scientifique, qui ensuite a été un peu spécialisé dans la presse pour enfants.

Et donc, après un départ de Science et Vie découvertes, elle commence à nous expliquer que vers 2018-2019, elle a commencé à réfléchir à voler de ses propres ailes pour créer un magazine scientifique pour filles.

C’est ça ?

Elisabeth : C’est ça, c’est-à-dire, je me dis bon, pourquoi je ne créerais pas ça ?

Et puis voilà, je commence à m’interroger, à m’intéresser au sujet.

N’oublions pas qu’on commence à être dans MeToo.

Et je me dis qu’il y a peut-être d’autres choses à dire que la science. On peut parler de plein d’autres choses.

Alors, comme tu le sais, peut-être dans Tchika, il y a évidemment une rubrique science et puis il y a une expérience scientifique à faire.

Ça, je n’ai pas lâché parce que j’estime que oui, il faut continuer puisque c’est de l’écrit.

Malgré tout, il ne faut pas que ce soit que quelque chose pour les filles qui aiment lire.

Je voudrais aussi qu’elles aiment faire des choses et qu’elles se rendent compte de la magie.

Fred : Qu’elles expérimentent, parce qu’il y a des expériences qu’on leur demande de faire ou de résoudre des énigmes aussi.

Elisabeth : Voilà, exactement.

Donc, si tu veux, qu’elles se rendent compte que les choses, elles peuvent un peu faire.

En fait, quand je suis allée dans les kiosques, je t’explique pourquoi j’ai créé Tchika.

Je suis allée voir ce qu’on appelait le magazine dit pour filles.

Et là, les bras m’en sont tombés.

C’est-à-dire, j’ai vu d’abord que c’était l’univers du rose, qu’à l’intérieur, il y avait des sujets autour de l’amour, de l’amitié, des animaux mignons, des recettes de cuisine, des trucs de déco.

Tu sais, du Do It Yourself déco, etc.

Tu vois, de la lecture

Fred : Un peu gnangnan en quoi.

De toute façon, les noms étaient très guimauves aussi.

Tu vois, je ne sais plus.

Je ne sais pas s’il existe encore.

Pardon, mais c’est par exemple Vanille.

C’est tout mignon, tu vois.

Et c’est pour ça que moi, d’ailleurs, Tchika, c’est très, très symptomatique.

Fred : Le nom d’où il vient, est-ce que ça vient du chica espagnol?

Elisabeth : Exactement.

Voilà, c’est-à-dire que je me suis dit, je vais regarder comment on dit petite fille dans toutes les langues.

Quand j’ai vu chica, alors qu’il s’écrit en espagnol C-H-I-C-A, évidemment, je me suis dit, je ne vais pas le prendre comme ça parce que ça va se dire chica, ça ne va pas être beau.

Et je l’ai francisé T-C-H-I-K-A, pour le rendre fort aussi. Tu vois, justement.

Fred : Pour que ça pète

Elisabeth : Pour que ça pète. Pour donner vraiment une différence avec tout ce qu’on peut imaginer de l’univers rose et cotonneux des magazines habituels pour filles.

Fred : D’ailleurs, j’ai regardé plusieurs exemplaires de Tchika et c’est vrai qu’il y a une couleur qui est très peu présente. C’est le rose, en fait.

Elisabeth : De temps en temps, je l’utilise.

Fred : En tout cas, c’est un magazine qui est très coloré.

Et puis aussi, dans les personnages de filles, c’est très diversifié, c’est-à-dire il y a des personnages racisés, il y a des femmes qui sont grosses.

C’est très, très varié en tout cas.

Contrairement sans doute à la presse pour enfants, on va dire, plus traditionnelle.

Elisabeth : Alors, je pense que maintenant, ils vont peut-être s’y mettre un petit peu quand même, parce que bon.

Mais oui, là, dès le départ, mon choix, ça a été de prendre des mascottes parce que dans les magazines pour enfants, il y a toujours des mascottes.

C’est celle un petit peu qui représente…

C’est celle à qui on écrit quoi.

Alors, je voudrais aussi te dire quelque chose.

Quand je lance Tchika, parce que je l’ai lancé avec un crowdfunding, etc.

Fred : Donc un financement participatif.

Elisabeth : Voilà.

Je pensais que j’allais me prendre des trucs genre « féministe », « empouvoirment des filles ».

Pas du tout.

Fred : Attends. Est-ce que tu peux expliquer le mot que tu viens d’employer ?

Parce que je n’étais pas sûr de ce que je devais comprendre.

Donc, c’est empouvoirment ?

Elisabeth : Empouvoirment, c’est l’empowerment.

C’est le pouvoir que tu as quand on a grandi, qu’on met en valeur.

Puisqu’on peut estimer qu’on a tous un pouvoir en nous, que les filles ont un pouvoir.

Et l’empouvoirment, c’est l’autonomisation, si tu veux.

C’est un mot qui vient de l’anglais, empowerment, qui est très moche en français, mais qui veut bien dire ce qu’il veut dire.

Fred : D’accord.

Elisabeth : Donc moi, je m’attendais à ce qu’on crie que je faisais un magazine féministe pour filles.

Et non, pas du tout.

Oon criait parce qu’il n’était pas pour les garçons.

Alors moi, aujourd’hui, j’ai quelques lecteurs garçons.

Et d’ailleurs, ma baseline, c’est Tchika, le magazine d’empouvoirment pour les filles de 7 à 12 ans, virgule, aussi lu par les garçons parce que j’en ai quelques-uns.

Fred : Alors tu peux peut-être t’expliquer, parce que sur le site, il y a dans la foire aux questions, il y a une réponse assez détaillée.

Est-ce que tu peux expliquer pourquoi ce choix effectivement de…

Elisabeth : Alors, il y a eu pas mal de choix.

Le premier choix, ça a été…

Bah écoutez, je suis vraiment désolée.

Les garçons ne lisent pas.

Pourquoi ils ne lisent pas ?

C’est parce qu’on leur dit qu’ils ne doivent pas lire, qu’ils ne peuvent pas lire, que ce n’est pas un truc pour eux, qu’eux, ils doivent courir, qu’ils doivent faire du sport et qu’ils doivent être dehors et que les filles sont là en train de lire leur livre de la bibliothèque rose, après verte, etc.

Voilà, c’est d’entrée ils répondont à des injonctions.

Donc moi, quand je commence à 7 ans, ces injonctions sont déjà passées.

D’ailleurs, quand j’ai créé un magazine que j’ai arrêté parce que j’avais trop de boulot qui s’appelait Tchikita, il était pour les petites nanas et pour les petits gars parce que je savais que c’était de la lecture accompagnée, tu vois.

Donc, on pouvait…

Bon, je ne t’en ai pas ramené là, mais on pouvait aussi bien le lire aux filles qu’aux garçons, parce que si tu veux, je savais que les parents…

Fred : Accompagnaient en fait.

Elisabeth : Ils accompagnaient.

Mais à partir de 7 ans, évidemment qu’il y a des garçons qui lisent, je ne vais pas…

Mais on leur a bien mis ça dans le crâne qu’il vaut mieux taper dans un ballon ou faire du judo qu’aller à la bibliothèque et prendre des livres ou alors… Oui, de la BD, d’accord. Voilà, tu vois, la BD, ça va être le seul truc qu’on leur autorise.

Donc, ce que j’explique, c’est que je suis désolée. Voilà.

Ensuite, la deuxième raison, ça a été… « Ben Écoutez, généralement, les magazines, c’est écrit au neutre, loi, je vais l’écrire au féminin, donc, si ça vous plaît ou pas, c’est comme ça ».

Fred : Si tu avais dû faire de l’écriture neutre, alors ça serait masculin, alors que tu t’adresses à des filles.

Et ce que tu expliques, c’est que tu ne voulais pas utiliser de l’écriture inclusive.

Elisabeth : Exactement.

Fred : Au départ, parce qu’effectivement, à 7-8 ans, elles sont en train d’apprendre le français.

C’était ça, en fait, une des raisons.

Elisabeth : Par contre, non, je m’adresse à des filles.

Toujours, c’est « tu » et « ée ».

Par contre, tu vois, si je vais parler d’un métier, si je dis, par exemple, les boulangers, là, je vais mettre le point médian et je vais mettre boulanger·ère.

Tu vois, si je parle d’autres personnes.

Par contre, c’est salut les tchikas, les tchikas machin, etc.

Moi, je m’adresse à des filles malgré tout.

Et puis, bon, si les garçons veulent le lire, ça ne leur est pas interdit.

Et en fait, ça avait été assez marrant parce que, évidemment, il y avait aussi ce côté un petit peu non mixité qui me plaisait bien aussi.

Malgré tout, une psychologue avait dit,« c’est peut-être sympa d’avoir son endroit entre filles où on discute entre nous de ce qu’on est ».

Et voilà, par exemple, tu vois, j’ai fait un numéro sur les règles, les premières règles.

J’ai fait un numéro sur la poitrine, les seins, etc., qui est aussi quelque chose d’hyper sexualisé.

Donc, c’était important pour moi de faire une couv’ là-dessus.

Je ne sais pas si tu l’avais vu d’ailleurs à l’époque.

Je m’étais bien marrée à la faire.

Donc, j’ai abordé des sujets qui n’avaient été jamais abordés dans aucun truc pour les filles.

Les seins, ça, c’était un truc qui n’avait jamais été abordé.

Donc, voilà, les garçons, ce n’est pas que je les ai exclus.

C’est genre « vous pouvez lire, ce n’est pas interdit » mais au départ, on s’adresse aux nanas parce que « d’abord, vous ne lisez pas ».

Maintenant, tu vois, je pense que tout ce que je dis aux filles, évidemment que les garçons eux-mêmes ont leurs propres problématiques et qu’il faudrait trouver un système qui serait autre qu’un magazine papier pour eux.

Tu vois, des émissions télé, des podcasts, etc.

Enfin, tu vois des choses qui sont.

Là, il y a deux livres qui viennent de sortir sur les garçons.

Tu vois, c’est pour les enfants.

C’est très récent, donc c’est un sujet qui va être certainement développé, évidemment, puisque maintenant, on ne s’adresse plus qu’à la problématique qu’ont les filles à cause du patriarcat, mais les garçons aussi ont leurs problématiques à cause du patriarcat.

D’ailleurs, j’en casse beaucoup, puisque dans Tchika, il y a une rubrique qui s’appelle…

Je ne sais plus, je ne me rappelle plus.

Tu sais, celle où je casse des injonctions, Infox ou je ne sais pas quoi.

Et en fait, les titres sont barrés.

Fred : Alors justement, ça s’appelle effectivement Infox.

Avant d’aborder ça, parce que je n’oublie pas ma question.

Est-ce le choix des 7-12 ans, c’est aussi parce que c’est le moment où ça se joue, notamment par rapport aux injonctions, par rapport à la construction, justement, de genre, etc.

Est-ce que c’est là que ça se joue ?

Est-ce que c’est aussi pour ça que c’est important, ce magazine qui s’adresse aux 7-12 ans ?

Ou est-ce que ça se joue encore plus tôt, finalement, même ?

Elisabeth : Bon, moi, si j’ai choisi les 7-12 ans, je vais t’expliquer le pourquoi.

C’est parce que moi j’ai une façon particulière d’écrire.

Je m’écris à moi, Elisabeth, dix ans. Tu vois ?

Je m’écris à moi, à moi-même.

Je m’adresse à moi-même, tout en sachant évidemment que je m’adresse à des lecteurs.

Donc, si tu veux, quand tu écris pour quelqu’un, tu écris pour un personnage que tu crées.

Et pour moi, ma lectrice, elle a dix ans.

Voilà, ma lectrice type, elle a dix ans.

Et à partir de ce moment-là, j’ouvre les âges, tu vois ?

C’est-à-dire, tu vas avoir celle de 7 ans qui est vachement douée en écriture, qui comprend des choses ou qui peut snacker des petits trucs au début, tu vois, qui sont courts, etc.

Jusqu’à celle de 12 ans qui lit tout de A à Z, qui est à fond sur le dossier, qui va même faire des recherches sur Internet après.

Tu vois ce que je veux dire ?

Voilà.

Fred : D’accord.

Elisabeth : Donc, c’est ça le 7-12 ans, en fait.

Fred : Ok, d’accord.

Est-ce qu’il y a des sujets que tu t’interdis ?

Elisabeth : Il y en a plein qui vont venir.

Comme je suis trimestriel, il y en a plein que je n’ai pas encore fait, tu vois.

Je n’ai pas encore fait des choses sur la sexualité.

Ça va venir, parce qu’il y avait tellement de sujets avant à écrémer.

Bon, évidemment, la sexualité, c’est obligé dans le sens où aujourd’hui, quand on voit sur le porno, etc., on sait que les gamins commencent à voir des téléphones portables dès l’âge de 8-9 ans, donc avec accès à des vidéos, que certains vont voir, surtout les garçons, du porno qu’ils vont montrer aux petites filles, etc.

Voilà.

Donc, il y a plein de sujets.

Enfin, il y a tellement de sujets encore à aborder.

Donc, non, il n’y aura pas de sujets tabous.

Tu sais, par exemple, quand j’étais à Science et Vie découvertes, à un moment donné, j’ai fait un papier. On avait fait un papier sur DSK.

Fred : Dominique Strauss-Kahn, au moment du viol de, je ne me souviens plus de son nom, je suis désolé, de Nafissatou Diallo, je crois.

Elisabeth : Nafissatou Diallo, c’est ça, qui était une femme de chambre dans un hôtel de New York.

Donc, si tu veux, oui, alors, comme on s’est dit, ils ont dû peut-être entendre parler de nous.

Tu vois, à partir du moment où tu entends parler de choses, on le fait.

Là, par exemple, tu vois, dans le dernier magazine où je parle, dans le dernier Tchika qui vient de sortir, je leur parle de Tanaland, tu vois.

Fred : C’est quoi ça ?

Elisabeth : Ah, tu ne connais pas Tanaland ?

Fred : Non.

Elisabeth : Alors, Tanaland, si tu veux, en fait, les jeunes femmes, les jeunes filles qui mettent des photos d’elles ou des vidéos d’elles sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, se font souvent traiter de « Tana », qui veut dire puttana, tu vois.

Donc, les filles en ont marre parce qu’elles postent n’importe quoi, tu vois, même des choses où elles disent un truc banal.

Derrière, il y a des dizaines de commentaires « Tana ».

Donc, un jour, une fille a décidé de dire « moi, j’en ai marre ».

Elle a posté une vidéo d’elle en tirant une valise en disant « je vais à Tanaland ».

Il s’est créé un pays imaginaire aujourd’hui qui a, je ne sais plus combien de milliers ou de millions de jeunes filles qui s’appelle Tanaland avec un code couleur qui est le rose malheureusement, un drapeau.

Elles aimeraient qu’Aya Nakamura soit première ministre.

Elles cherchent une femme milliardaire qui pourrait vraiment acheter une vraie île pour aller vivre sur cette île. Où il n’y aurait que des femmes.

Alors, évidemment, du coup, maintenant, des hommes veulent faire partie de Tanaland, être, par exemple, garde de sécurité de cette île de femmes, tu vois.

C’est aller très, très loin parce que les filles en avaient assez, quoi.

Tu vois, donc voilà, c’est des choses que je peux expliquer sans aucun souci parce qu’elles l’auront vu.

Parce qu’aujourd’hui, les gamines sont sur TikTok à l’âge de 11 ans, tu vois, même si c’est normalement interdit.

Fred : Sur le salon web, je vais relayer une question de Julie pour revenir un tout petit peu en arrière. Elle demande « est-ce que c’est une technique courante d’écrire pour quelqu’un quand on écrit ? ». Comme tu l’as décrit tout à l’heure.

Elisabeth : Bien sûr.

De toute façon, tu écris toujours pour ton lecteur, tu vois, c’est-à-dire on fait ce qu’on appelle un persona, c’est un terme

Fred : de marketing

Elisabeth : et on se dit « bon, bah, quel âge a mon lecteur ? Où habite-t-il ? Quel est son métier ? Quels sont ses goûts ? etc ». Et quand tu l’imagines, du coup, c’est beaucoup plus simple.

C’est clair que si, par exemple, tu travailles, c’est triste que je vais dire, mais c’est la réalité.

Sur un quotidien de presse quotidienne régionale, tu sais que la moyenne d’âge, ça risque d’être 60 ans, ou 70 ans même, voire plus.

Donc, évidemment, tu ne vas pas employer le même vocabulaire, tu ne vas pas employer les mêmes idées, tu ne peux pas avoir les mêmes références, tu vois.

Moi, quand j’écris pour un enfant, je ne peux pas forcément parler, par exemple, d’un film que moi j’ai vu quand j’étais petite qui s’appelle « E.T. », tu vois, parce que je ne suis pas sûre que la gamine ou le gamin aura vu « E.T. ».

Ses parents lui auront peut-être montré, mais ce n’est pas sûr, ce n’est pas une référence.

Donc, il faut s’adresser à un lecteur en créant plein plein de… un portrait robot, en fait.

Fred : Oui, de son lecteur.

Elisabeth : Voilà.

Fred : Alors, dans le Tchika, il y a pas mal de rubriques.

En fait, c’est très varié, parce que là, par exemple, c’est le numéro de juin 2024, je vois par exemple une présentation de Sophia Adenot, future astronaute, qui est aussi prof de yoga, donc qui va être la deuxième femme à aller dans l’espace, la deuxième française.

Je pense que la première, ça devait être Claudie Haigneré.

Elisabeth : Claudie Haigneré

Fred : Claudie Haigneré

Si je vais plus loin, en fait, là, par exemple, j’ai effectivement ce que tu parlais tout à l’heure, donc les infox, donc les titres barrés.

Donc, c’est les stéréotypes ou en tout cas, voilà, c’est donc là « les filles sont des langues de vipères ». Donc, c’est barré et sur deux pages il y des explications sur le fait que ce soit une infox, c’est un stéréotype.

Elisabeth : Complètement.

J’en suis déjà à 23, donc t’imagines le nombre de stéréotypes que j’ai dégommé, aussi bien filles que garçons.

Fred : Et là, par exemple, je vois aussi « ces super héroïnes du sport », où on voit effectivement, alors il y a des articles, il y a des photos d’ailleurs du journal L’Auto magazine, en 1924.

Il y a des sportives d’aujourd’hui.

Alors, tu parlais tout à l’heure des règles.

On voit une des sportives qui ne cache pas qu’elle a ses règles.

Elisabeth : Complètement.

Fred : Donc, on renvoie le numéro de juin pour les personnes qui voudraient regarder.

Elisabeth : Avec une vraie photo de fille qui montre. Ça, j’ai aucun problème à montrer ça.

Fred : Voilà, c’est une vraie photo, effectivement.

Là, il y a trois filles.

C’est celle du milieu.

D’ailleurs, on va préciser que le site Web, c’est tchika.fr.

Donc, Tchika, c’est T-C-H-I-K-A.fr.

Donc, c’est très varié.

Elisabeth : Alors justement, je te coupe pour cette histoire de photos.

Moi, contrairement à beaucoup de magazines dits pour enfants, je privilégie toujours la photo, même s’il y a des illustrations.

Oui, parce que si tu veux, on n’est pas chez Disney, dans le sens où pour moi, l’illustration, je la mets quand c’est une couv’, etc.

Parce que je trouve que c’est le plus agréable à l’œil.

Mais je trouve que mettre des photos, ça ancre dans la réalité.

Donc, j’essaie d’en mettre un maximum parce que, si tu veux, quand tu mets des illustrations, tu peux imaginer que c’est irréel alors que la photo, ça ancre dans la réalité.

Fred : Et puis, en plus, c’est des photos de femmes vivantes.

Elisabeth : Complètement.

Fred : Parce que souvent, dans l’informatique, on fait souvent référence à Ada Lovelace, à des gens du passé qui ne sont plus là en fait.

Alors qu’aujourd’hui, il y a des femmes qui font des choses dans ce domaine scientifique, technique, sportif, etc.

Elisabeth : Mais tu verras, par exemple, dans les livres dits pour enfants, par exemple, il y a un livre qui a vachement marché.

C’est un livre qui s’appelle « Les contes du soir pour les filles rebelles ».

Si tu veux, tu as une page bio d’une femme et une page avec une illustration.

Mais il y en a plein qui sont en vie et qui ont toujours été dessinées.

Ça, je trouve ça dommage.

Pourquoi dans les livres dits pour enfants et même jusqu’à 10-12 ans, c’est des dessins alors que ces femmes sont en vie ?

Pourquoi on ne les met pas en photo ?

Il y a une espèce de code qui me gêne, qui n’a jamais été dépassé.

Tu n’as jamais de photos dans les livres pour enfants.

Et ça, ça me traumatise un peu.

Fred : Et là, c’est vrai que là, je suis sur le prochain numéro.

J’ai en plus une exclusivité.

Tu m’as ramené le numéro de décembre.

Et c’est vrai qu’il y a plein de photos.

Là, par exemple, je suis sur la partie « Elles veulent sauver la planète ».

On voit des enfants.

On voit des femmes un peu plus adultes.

Il y a beaucoup, beaucoup de photos.

Et aussi, ce que j’aime bien, c’est la qualité du papier.

Moi, j’aime bien cette qualité de papier.

Elisabeth : Oui, c’est du bon papier.

Il me coûte assez cher.

Fred : En tout cas, ça fait partie, je pense, de ce…

Elisabeth : Oui, c’est agréable.

Fred : C’est agréable à lire, à tenir.

Elisabeth : En plus, c’est du papier imprimé en France.

Je le tiens chez mes amis de Cloître, en Bretagne.

Voilà.

Oui, oui.

Fred : D’accord.

Donc, c’est un trimestriel.

Elisabeth : Oui.

Fred : Alors, on va préciser parce que c’est bientôt Noël.

Donc, un des cadeaux possibles qu’on peut faire…

Elisabeth : C’est un abonnement, bien sûr.

Fred : C’est un abonnement.

Voilà.

En plus, vous pouvez…

Il y a aussi un sac, il y a pas mal de choses qui existent.

Donc, il ne faut surtout pas hésiter à offrir ça comme abonnement, par exemple, à des filles de votre entourage, notamment à Noël.

Donc, on va dire que c’est du 7-12 ans.

Elisabeth : Oui, oui, c’est du 7-12 ans, des filles et même des garçons.

Enfin, comme je disais, ils ne sont pas exclus, ceux qui aiment lire et qui sont intéressés par les injonctions et la vie des femmes.

C’est important, je trouve.

Fred : D’accord.

Alors, on va faire une pause musicale et après, on va parler un petit peu, parce que tu m’as ramené pas mal de choses et notamment, tu m’as ramené des cartes postales de ta collection sexiste et je crois qu’on va un petit peu…

Donc là, on va inverser le sujet, mais c’est assez intéressant de voir le sexisme dans les cartes postales.

Donc, on va écouter la deuxième pause musicale.

Est-ce que tu veux nous la présenter ?

Elisabeth : Oui, redis-moi le titre, je ne m’en rappelle plus.

Fred : Shut Up and Dance par Walk the Moon.

Elisabeth : Ah oui, j’adore cette chanson.

Je la trouve pareil, très joyeuse.

J’adore.

Fred : Et bien donc, nous allons écouter Shut Up and Dance par Walk the Moon.

On se retrouve dans trois minutes.

Belle soirée, l’écoute de Cause commune, la voix du possible.

[ Diffusion de la pause musicale ]

Voix du jingle (Laure-Élise Déniel) : Cause Commune, 93.1.

Alors, nous venons d’écouter Shut Up and Dance with Me par Walk the Moon.

On a dansé un petit peu ici.

Elisabeth : Mais carrément, on était sur la table, frère.

Fred : Exactement.

Alors, comme c’est la radio, personne ne peut remettre en question ça.

Elisabeth : Non, je plaisantais, bien sûr.

Fred : Non, on bougeait beaucoup.

Donc, vous êtes toujours sur Cause commune.

Vous écoutez toujours l’émission de Chemins de traverse.

Donc, Cause commune, c’est 93.1 FM et en DAB+, en Ile-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm.

Et n’hésitez pas à participer à notre conversation.

Si vous voulez réagir ou poser une question, vous pouvez appeler au 09 72 51 55 46.

Je répète, 09 72 51 55 46.

Ou alors sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton chat, salon, Chemins de traverse.

Tout à l’heure, j’ai relayé une question de Julie.

Et là, avant de parler des cartes postales sexistes, je vais relayer une question d’Étienne qui est en régie et qui demande « Tchika, c’est combien de personnes et est-ce qu’il n’y a que des femmes ? »

Elisabeth : Alors d’abord, Tchika, c’est très peu de personnes.

Pourquoi ?

Parce que comme je m’attaque à un sujet très, très pointu, tu imagines que j’ai beaucoup moins de lecteurs et d’acheteurs que Picsou magazine ou que je ne renie absolument pas.

Mais donc, ça veut dire que je gagne moins de sous que tous ces magazines là.

Donc, je dois faire beaucoup de choses.

Donc, je fais la maquette, j’écris 80% des textes.

Je m’occupe de l’imprimeur, de la promo, de la compta, du routage.

Enfin bon, quand il s’agit de faire des enveloppes, j’en fais, etc.

Donc, si, j’ai une illustratrice que j’adore, qui travaille avec moi depuis très longtemps, qui s’appelle Isabelle Mandrou.

J’ai deux, trois pigistes, dont notamment la psy qui s’appelle Raph

Fred : Qui répond aux questions des Tchika.

Elisabeth : J’ai Lucie qui est chargée du grand portrait, les pionnières à la fin.

Et j’ai Sophie qui, elle, fait les interviews des femmes d’aujourd’hui qui sont remarquables.

Voilà.

Et après, c’est moi qui fais un petit peu toute ma tambouille, aussi bien l’icono que la maquette, et j’ai une SR.

Fred : Une secrétaire de rédaction.

Elisabeth : Voilà, une secrétaire de rédaction qui vérifie aussi l’orthographe.

Fred : D’ailleurs, j’ai toujours trouvé ce terme secrétaire de rédaction un peu péjoratif parce qu’en fait, ces personnes-là font un travail de réécriture souvent qui est très important.

Elisabeth : Quand on dit secrétaire de rédaction, il faut toujours expliquer ce qu’est ce métier.

Donc ce n’est pas que l’orthographe, c’est effectivement la réécriture.

Elle vérifie aussi la validité parfois des informations, etc.

Donc c’est un boulot qui est très important.

Fred : Oui, parce souvent, enfin pas souvent, il arrive que des journalistes racontent n’importe quoi dans leurs textes.

Elisabeth : Oui, souvent, tu as raison.

Fred : Pas dans Tchika, mais en tout cas dans d’autres.

Elisabeth : Ça sera un autre débat, le journalisme.

Fred : Voilà, on ne va pas commencer ce sujet-là parce qu’il est 23h02, on n’a pas fini nos sujets.

Donc j’encourage les personnes à aller sur tchika.fr.

Tchika, c’est donc T-C-H-I-K-A.FR.

Déjà pour découvrir, pour s’abonner, pour offrir éventuellement en cadeau à Noël à des enfants.

On va peut-être en reparler après de Tchika, je ne sais pas.

Mais en tout cas, là, tu as ramené des cartes sexistes. Tu voulais en parler un petit peu.

Elisabeth : Ah, j’ai une nouvelle passion, j’ai une autre passion.

Fred : Sachant qu’on est à la radio.

Elisabeth : Oui, je vais les décrire.

Alors, je vais t’expliquer.

En fait, les cartes postales, ça a été à un moment donné un média très important pour passer les idées.

À l’époque où tout le monde n’avait pas de télé ou que ça n’existait même pas, on s’envoyait beaucoup de cartes postales.

Et en fait, je me suis rendue compte que beaucoup d’idées sexistes passaient avec des illustrations sublimes.

Donc, ça fait quelques mois que je fais des collections, mais avec…

J’arrive à déterminer un thème en disant « tiens, est-ce qu’il y aurait, par exemple, des cartes postales là-dessus ? »

Et à chaque fois, je tombe du lit parce qu’il y en a plein.

Par exemple, dans le Tchika 23, d’ailleurs, du coup, ça m’a permis de faire une rubrique qui s’appelle Le musée des horreurs.

Et tu vas voir, par exemple, là, dans le Tchika 23, j’ai fait une page complète sur des femmes qui ont peur des souris.

Tu vas la voir.

Donc, là, tu vois, bon, normalement, si tu veux, la vraie peur des femmes, ce sont les araignées et les serpents.

Ça, c’est les deux phobies les plus grandes.

Mais pourtant, dès qu’on veut montrer une femme qui a peur de quelque chose, on la met avec une souris.

Et généralement, en haut, sur une chaise et puis souvent en nuisette.

Fred : Parce que, par exemple, là, il y a une photo où, effectivement, c’est une femme qui est en nuisette rose et qui a peur d’une toute petite souris.

Et donc, le commentaire, évidemment, on a rajouté une tenue sexy à cette femme qui a peur.

Elisabeth : Voilà, donc là, j’ai ma collection de femmes qui ont peur des souris.

Ça a l’air complètement dingue, mais bon.

Alors, j’ai aussi les collections de la femme qui attend son ivrogne de mari.

Alors, c’est très drôle parce qu’en France, elle a souvent un rouleau à pâtisserie et en Allemagne, elle a une espèce de tapette à tapis, tu vois.

On n’utilise pas la même arme selon les pays.

Là, par exemple, j’ai un homme qui est allongé sur le lit, qui a apparemment une gueule de bois.

Et sa femme, il est assis sur le lit, il a l’air complètement…

D’ailleurs, tiens, il y a une bouteille de vin qui est planquée sous son oreiller.

Il y a sa femme qui est debout, un petit peu enrobée, dirons-nous, gironde.

Et le texte, c’est « qui avait sa cuite hier soir et qui va recevoir sa volée ce matin, c’est Joseph ».

Généralement, les femmes sont extrêmement violentes avec les hommes de retour de cuite.

Voilà.

Alors ça, j’ai une collection incroyable.

Ensuite, il y a les stéréotypes de femmes dites faciles.

Alors, on a l’auto-stoppeuse.

Là, tu vois, par exemple, j’ai une auto-stoppeuse.

Donc, c’est des dessins, c’est pas des photos, qui a des bas, donc pas des collants, des bas, qui fait de l’auto-stop, mais qui, en même temps, tu vois, avec une main, avec sa main droite, elle relève sa robe, ce qui permet aux voitures qui passent de voir ses collants et même sa culotte.

Donc, ça va lui permettre certainement d’aguicher un automobiliste.

Fred : Qui va s’arrêter plus facilement.

Elisabeth : Qui va arrêter plus facilement.

Donc, l’auto-stoppeuse, ça fait partie des stéréotypes de la femme. Alors, dans les autres stéréotypes que j’ai découvert, enfin, c’est l’infirmière, évidemment.

Donc là, j’ai un gars qui est malade.

À côté, il y a une femme dans son lit, un docteur qui est là, debout, et le gars dit « c’est l’infirmière qui a eu une syncope cette nuit ».

Voilà, c’est-à-dire l’infirmière est une fille facile.

Ça, c’est un autre stéréotype que je retrouve dans beaucoup de cartes postales, ainsi que la secrétaire.

La secrétaire est aussi une femme très facile.

Donc là, je vois une espèce de gros gars qui répond au téléphone.

On a l’impression que c’est un patron, et puis dessus, il a une fille qui est sur ses genoux, qui fume une cigarette, et évidemment, c’est sa secrétaire, et c’est lui qui répond à sa place et qui dit « je suis très occupé ».

Oui, parce que quand on a une secrétaire, à un moment, on ne travaille pas.

Et alors, celles qui m’ont le plus flinguée, c’est les femmes qui sont déclarées des pipelettes et ont leur fait les pires atrocités sur les cartes postales.

Tu vois, là, j’en ai une, je ne sais pas de quelle époque elle date, je dirais des années 30, années 40.

Tiens, tu vas la décrire.

Je vais te la laisser la décrire, comme ça, à toi de jouer un petit peu.

Fred : Alors, c’est une femme qui a un baillon sur la bouche, et puis ses deux mains sont prises dans un morceau de bois.

Elle est prisonnière dans un morceau de bois.

Je ne sais pas comment ça s’appelle.

Et alors, c’est de quelle période, ça ?

Elisabeth : Moi, je ne sais pas.

Je dirais 40.

Tu vois, ça a l’air d’être en dessin des années 40.

Ça, c’est anti-pipelette, si tu veux.

Fred : C’est anti-pipelette, d’accord.

Elisabeth : Voilà, c’est-à-dire, en gros, quand on t’envoie ça, c’est vraiment…

Les femmes sont des pipelettes.

Donc, si tu veux, tu as des trucs horribles où tu as des langues coupées, tu as des cadenas sur les bouches.

Non, mais là, je crois que je n’ai jamais vu les pires tortures qui sont faites à des femmes qui sont considérées comme des pipelettes.

En fait, la parole de la femme sur ces cartes postales d’époque est complètement niée.

Et même, les femmes sont torturées, c’est-à-dire, elles n’ont pas le droit de parler.

Tu vois, c’est affolant.

Donc, toutes ces cartes postales, et puis, évidemment, je ne…

Fred : On a des cartes postales de l’époque aujourd’hui aussi.

Elisabeth : Alors oui.

Alors, celles qui existent toujours, c’est ces fameuses cartes postales.

Alors là, si tu veux, j’ai deux femmes qui sont dans l’eau, dans l’eau de mer. Ce sont des vraies photos, là, pour le coup.

Elles sont en travers d’un matelas gonflable qui flotte sur l’océan.

Et puis, elles sont nues.

Donc, on voit deux paires de fesses.

Et le message, c’est « on t’embrasse sur les deux joues ».

Voilà. ha, ha, ho, ho.

Et ça, c’est ces fameuses cartes postales un peu érotico-humoristico, mais qui ne sont pas drôles du tout, qu’on trouve toujours dans toutes les villages près de la mer, les villes près de la mer de France.

Fred : Les villes de vacances où les gens envoient des cartes postales.

Elisabeth : Voilà, exactement.

Et ça, alors ça aussi, je me délecte entre guillemets avec tout ça.

Donc ça, j’aimerais bien en faire un livre, une expo, les agrandir, etc.

Parce que je trouve que c’est très important de se dire qu’au fond, ces cartes postales ont continué à faire vivre ces injonctions.

Et même, les dessins sont magnifiques.

Donc, je te dis, en plus, tu sais, le dessin est tellement beau qu’évidemment, tu y crois quoi, tu vois.

Donc, voilà.

Fred : Écoute, en tout cas, s’il y a un appel à lancer, si quelqu’un veut t’aider à créer cette expo ou effectivement ce livre, parce que je pense que tu vas en avoir…

T’en as combien d’ailleurs ?

Elisabeth : Oh, j’en ai 150 pour l’instant.

Oui, mais je pense que je peux aller beaucoup plus parce que là, tu sais, je suis en train de m’attaquer à l’étranger.

Alors là, c’est des petites…

Surtout les Allemands, là, j’adore.

Donc, oui, je pense que j’en aurais 1000.

Mais après, pour une expo, t’en mets pas autant, tu vois, mais tu les agrandis, etc.

Parce qu’en plus, les dessins sont magnifiques.

Fred : Oui, certains dessins sont très bien dessinés.

Alors, il est 23h10, le temps passe vite.

T’avais un sujet alors que tu voulais aborder, qui n’a peut-être pas grand chose à voir avec ce qu’on a discuté jusqu’à maintenant, mais qui explique peut-être un petit peu ton mode de fonctionnement.

Tu voulais parler du TDAH, qui est donc le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Donc, est-ce que tu peux expliquer un petit peu ?

Qu’est-ce que c’est ?

Qu’est-ce que tu as diagnostiqué entre guillemets ?

Elisabeth : Alors, je me suis auto-diagnostiquée.

Je t’explique pourquoi.

Les réseaux sociaux, en fait, il y a du merveilleux comme du pire.

Et moi, le merveilleux, ça a été quand je suis tombée, il y a quelques mois, sur un compte Instagram d’une nana qui a des cheveux bleus et qui, avec son ami, explique son trouble TDAH, qui se dit, et je dis, enfin, je sais plus exactement comment ça se dit en anglais, mais bon, peu importe.

Et là, à chacune de ces vidéos, je sais, « mais c’est moi, mais c’est moi, mais c’est moi ».

Et c’est très troublant de se dire, puisque j’ai 57 ans, de se dire, voilà, je suis atteinte de quelque chose qui, évidemment, me fatigue depuis des années, mais je ne pensais pas que c’était un trouble, tu vois, et je commence à mieux me comprendre.

Alors, l’idée, c’est que je ne vais pas du tout me soigner ou quoi que ce soit, ni par un médoc ni quoi, mais c’est intéressant de me dire d’abord, je ne suis pas seule.

Et enfin, peut-être qu’il y a des gens qui peuvent me comprendre, mais…

Fred : Alors quels sont les symptômes dans lesquels tu t’es reconnue ?

Elisabeth : Alors, il y en a plein.

Bon, par exemple, les symptômes, c’est perdre tout le temps ses affaires. C’est constant, c’est-à-dire, tu vois, poser quelque part chez toi ton portable, ne pas le retrouver, tes lunettes, ne pas les retrouver.

Et puis, évidemment, tu vois, là, j’ai reçu encore une lettre la semaine dernière des objets trouvés qui avaient retrouvé mon passeport.

Je ne sais pas où je l’ai perdu, donc perdre tout le temps ses affaires à tort ou à raison, c’est-à-dire vraiment ou pas.

Tu vois, tu perds vraiment tes affaires ou alors ils sont quelque part chez toi et tu mets à peu près une heure à les retrouver.

Donc, tu imagines un peu la problématique mentale.

Tu ne sais jamais où tu mets tes affaires.

La deuxième chose, c’est l’esprit qui a tout le temps plein de choses en tête, tout le temps plein d’idées, constamment plein d’idées.

Mais seulement, tu en as tellement que tu es allongé sur le canapé.

Fred : Tu ne peux rien faire parce que ça fatigue.

Elisabeth : Ben oui, c’est épuisant.

Donc, je ne te raconte pas le nombre de projets que j’ai eus dans ma vie, que j’imagine, qui sont constants.

Je sais exactement comment je vais faire de A à Z, mais je suis dans l’incapacité.

Alors, je ne sais même pas comment j’ai monté Tchika parce que je l’ai monté en plus toute seule, tu vois.

Donc là, je ne sais pas comment j’ai fait, je t’avoue.

Mais généralement, tu as des milliards de projets et tu n’en entame jamais un seul parce que rien que d’imaginer de faire le premier pas, ça te flingue, tu vois.

Donc, tu vis une vie un petit peu dans ta tête.

C’est par exemple, arriver de voyage, laisser sa valise avec ses affaires dans un coin et se dire deux semaines plus tard « ah, j’ai une valise à vider », tu vois.

C’est-à-dire, tu ne sais pas faire les choses quand il faut, tu vois.

Donc, c’est pareil, c’est extrêmement fatigant.

C’est d’abord, évidemment, de l’hypersensibilité.

Donc, c’est très, très contraignant.

C’est par exemple, avoir tellement peur d’être en retard.

Alors, il y en a qui assument leur retard jusqu’au bout qu’on peut être en avance d’une demi-heure parce qu’on a peur d’être en retard.

Parce que, et par exemple, tu vois, par exemple, pour venir ce soir…

Fred : Ah ben, tu étais en avance quasiment.

Elisabeth : Ah ben, j’étais même avant toi parce que je suis arrivée à et quart.

Donc, j’ai fait trois fois le tour du quartier.

Tu vois, non pas que je suis une personne en avance, mais je suis une personne qui a peur d’être en retard.

Donc, il y a une semaine, j’ai déjà regardé quel parcours je devrais faire pour aller chez toi, pour être sûre d’être à l’heure, tu vois.

Donc, ça te demande une espèce d’énergie qui est incroyable, en fait.

Et tout ça, je ne le savais pas avant de voir ce truc-là.

Est-ce que je vais aller…

Parce que tu sais qu’il y a des endroits où tu peux faire un vrai test pour savoir, etc.

Écoute, ça fait 57 ans que je vis avec.

Je pense que ce qui m’a plu, finalement, de voir que je suis atteinte de ce trouble, c’est de comprendre pourquoi je fonctionne comme ça, au fond.

Mais je sais aussi que mon cerveau, du coup, est tout le temps en train de me donner des idées.

Donc, il y en a quand même certaines que j’arrive à faire.

Par exemple, aussi quelqu’un qui a ce trouble-là, il peut ne rien faire sur un truc pendant six mois.

Et puis, le faire, abattre un travail de dingue en deux jours.

Tu vois ce que je veux dire ?

C’est une espèce de truc qui est…

Tu vois, moi, je peux avoir une énergie de malade sur un travail et je le fais d’une façon tellement vite et tellement bien.

Et après, faire traîner le truc pendant des mois.

Tu vois ?

Voilà.

Fred : Donc, tu dois avoir des passions intenses, mais éphémères.

Elisabeth : Oh là là, mon dieu !

Je ne te raconte pas ce qui s’est passé.

Alors, la poterie…

Mais alors, si tu veux, dans ces cas-là, t’achètes tout le matos.

Tu vois ce que je veux dire ?

Tu vois le japonais, t’achètes tous les bouquins japonais.

Fred : Et tu parles japonais maintenant ?

Elisabeth : Non, bien sûr que non.

Puisque ça dure six mois.

Et puis, au bout de six mois, tu es tellement passionnée par le truc.

Moi, je ne pourrais pas avoir une passion à vie.

C’est impossible.

Je ne peux pas avoir de passion à vie.

Fred : Est-ce que ça…

Je suppose que ça a un impact dans ta vie sociale aussi.

Elisabeth : Ben, la perte des objets, oui.

Fred : Dans la relation avec les autres, par exemple.

Elisabeth : Être bordélique aussi.

Par exemple, je ne suis incapable d’être rangée.

Donc, t’imagines quand tu vis avec quelqu’un, c’est le bordel.

Fred : C’est marrant.

Ça me fait penser à quelqu’un, quand tu dis ça.

Elisabeth : Non, parce que je pense qu’on est attiré par les mêmes gens.

Tu vois, il y a quelques jours, j’ai dit à une amie « écoute, Marie, je t’ai observée, je crois ».

Et après, je lui ai décrit tous les trucs.

Elle me disait « mais oui, mais oui, mais oui ».

Et je pense qu’on se regroupe.

Parce qu’évidemment, tu vois, on a des trucs un peu particuliers, quoi.

Donc, je pense qu’on se sent aussi entre TDAH, quoi, et qu’on se regroupe.

Moi, je ne pourrais pas, je pense, être avec des gens qui sont, tu vois, super carrés, qui rangent tout.

Enfin, je ne pourrais pas vivre avec.

Ça, c’est clair, tu vois.

Ou alors, à la limite, c’est la personne qui range mes affaires, tu vois.

Fred : Mais peut-être que la personne n’en aura marre de ranger tes affaires, si après, tu les reperds.

Elisabeth : Voilà, mais c’est ça, non, non.

Fred : D’accord.

Et donc, tu ne souhaites pas faire un test pour confirmer ton auto-diagnostic ?

Elisabeth : Non, parce que si tu veux, généralement, quand on voit des gamins qui ont ça, on les met sous Ritaline, sous médoc.

Enfin, moi, si ça fait 57 ans que je vis comme ça, ça m’a…

Fred : Alors, justement, quand tu as été plus jeune dans ton apprentissage, est-ce que ça t’a causé des soucis ?

Elisabeth : Alors, est-ce que ça m’a causé des soucis ?

J’ai toujours été bordélique, ça, c’est clair.

J’ai toujours perdu mes affaires, ça, c’est clair.

Et en fait, j’avais une telle mémoire qu’au fond, je n’avais pas besoin de beaucoup bosser.

C’est avec l’âge que la mémoire est partie.

Donc, je pense que non.

Par contre, oui, toutes ces idées et ces choses que je ne faisais pas, bah oui, évidemment, tu vois, ou toutes ces passions éphémères, oui, je les ai eues aussi depuis que je suis petite, quoi.

Fred : D’accord.

OK.

Alors, on a le temps d’aborder un dernier sujet, si tu voulais.

Tu m’as dit dans nos échanges qu’un de tes sujets favoris étaient les synchronicités.

J’avoue que j’avais déjà entendu ce terme, mais que je ne maîtrise pas du tout ce sujet-là.

On a quelques minutes, si tu veux en parler.

Elisabeth : OK.

Alors, bah, écoute, oui, c’est vraiment un sujet qui me passionne.

Alors, les synchronicités, ce sont, ce, certains appellent des coïncidences, mais généralement, c’est des coïncidences qui sont tellement incroyables qu’elles te mettent dans un état un petit peu d’émotion intense et qui, si tu as envie de les trouver, peuvent avoir un sens pour toi.

Voilà.

Et moi, c’est des choses que j’ai beaucoup vécues dans ma vie.

Alors, le premier qui a donné ce nom de synchronicité, c’est un psychologue qui est connu, qui s’appelle Carl Jung.

Alors, on décrit toujours cet exemple, donc je vais te le décrire.

C’est une analysée qui est dans son cabinet.

C’est une analysée dont l’analyse n’arrive pas à décoller.

C’est-à-dire, elle est trop rationnelle, etc.

Et tu sais que souvent, l’analyse de rêve est quelque chose qui permet de parler de son inconscient, etc.

Donc, elle est en train d’expliquer à Jung « hier soir, j’ai rêvé d’un scarabée ».

Le scarabée étant un symbole de la renaissance.

Et juste au moment où elle dit le mot scarabée, ils entendent boum sur la fenêtre et Jung voit, à ce moment-là, un scarabée qui vient de se taper sur la fenêtre au même moment où elle dit le mot scarabée.

Et là, il lui dit « le voilà votre scarabée ».

Et c’est de là que vient l’histoire de la synchronicité.

C’est-à-dire, par exemple, tu penses à quelqu’un et clac, il te téléphone.

Bon, ça, c’est le truc basique.

Mais il y a des choses qui sont beaucoup plus incroyables.

Tu vois, par exemple, quand tu rencontres quelqu’un que tu connais à l’autre bout du monde.

Ou moi, en ce moment, il m’en arrive. Tu vois, par exemple, il m’en est arrivé dans ma vie.

Je me souviens, alors ça, je vais t’en donner une simple parce que celles qui m’arrivent dans ma vie depuis pas mal de temps sont assez complexes.

Mais par exemple, je travaillais sur un article sur les pompiers et notamment les pompiers qui interviennent en hélicoptère.

Et je me demandais, putain, je n’arrivais pas à trouver quelle était la longueur de leur tuyau.

Tu vois, vraiment bon.

Et puis, je m’endors et dans la nuit, je me réveille.

C’était une époque où je regardais encore la télé et j’allume.

Je tombe à 3 heures du mat, c’est un reportage sur les papiers en hélico qui déroulent leur tuyau et qui disent exactement la taille du tuyau.

Une question que je me posais avant de me coucher.

Donc ça, c’est des trucs qui sont complètement folles.

Enfin, des trucs fous, quoi.

C’est-à-dire, donc pour quelqu’un de rationnel ou de cartésien comme moi, ça pose question.

Ça ouvre peut-être sur d’autres choses, même sur lesquelles sont en train de travailler certains scientifiques, autour de la mécanique quantique, etc.

Autour d’autres, peut-être, c’est dur de dire ça, d’univers parallèles qui pourraient exister, où on vivrait d’autres vies, etc.

Et je trouve ça passionnant parce que, comment dire, moi, je ne crois pas aux coïncidences et aux hasards.

Je pense que des choses ont du sens, c’est juste qu’il faut trouver le sens.

Et souvent, moi, dans ma vie, j’ai été dirigée vers des choses qui me faisaient peur ou comme ça.

Tu vois, l’exemple que je t’ai donné sur les pompiers, c’est vraiment un exemple mignon et sympathique.

J’ai vraiment vécu des choses assez étranges. Notamment je faisais une enquête sur un serial killer où j’aidais un garçon qui faisait un podcast là-dessus.

Et on savait que l’un des deux serial killers, puisque c’était deux complices, avait été hébergé par un garçon qui était danseur.

Et il s’avère que ce garçon, un jour, après toute une journée où je suis partie de chez moi à 10 heures et j’ai eu tout un parcours où je normalement je n’aurais jamais dû m’asseoir à midi 30 à une terrasse de café.

Eh bien, ce garçon qui avait hébergé les serial killers est arrivé à côté de moi.

Je ne l’ai pas reconnu, mais on a commencé à parler parce qu’il arrivait avec des béquilles et je lui ai tiré la chaise.

Et c’est il n’y a pas si longtemps que ça, c’était il y a un an.

Et puis, du coup, on a discuté puisque j’avais été sympa, j’avais tiré sa chaise.

Et au milieu de la conversation, je me suis rendu compte que c’était le gars qui avait hébergé les serial killers.

Donc, cette enquête que je faisais, il m’avait été donné sur un plateau.

Voilà.

Donc, c’est des choses très, très étranges, qui posent question.

Et je pense qu’il y en a beaucoup qui se posent des questions quand il leur arrive ce genre de truc.

Moi, je ne crois pas en Dieu.

Donc, pour moi, c’est assez étrange de vivre ça.

Mais je trouve que c’est hyper intéressant à vivre, du moins parce que ça ouvre à une certaine spiritualité ou du moins une certaine magie de la vie qui n’est pas que cartésienne et carrée.

Fred : D’accord.

Donc, les critiques sur les synchronicités qui parlent notamment que ça pourrait s’expliquer notamment par la théorie générale de probabilité et la psychologie humaine.

Toi, tu préfères avoir cette autre explication.

Elisabeth : Oui, ça va être le biais cognitif.

Enfin, il y a plein de choses qui peuvent expliquer ça d’une façon logique.

Moi, j’aime bien mettre un peu de magie dans la vie.

Cette vie est quand même tellement difficile et dure.

Quand il y a un peu de magie, profitons-en.

Fred : Je suis bien d’accord.

En parlant de magie, ça va être la dernière question de la soirée.

Est-ce que tu as envie de partager quelque chose qui t’a fait du bien ou qui t’a émerveillé dernièrement ?

Elisabeth : Oui.

Alors, c’est un tout petit geste, tout simple, mais qui m’a fait un bien fou.

Je trouve qu’en fait, entre amis, on ne se touche pas beaucoup.

En France, on se fait la bise.

Les Américains, on se hug qui vient peut-être un peu en France.

Fred : Le câlin, quoi.

Elisabeth : Voilà le câlin.

Et en fait, j’ai trois ex-belles filles, mais qui sont toujours mes belles filles pour moi, puisque je les ai élevées.

Donc, ce sont mes belles filles.

Et dimanche, j’ai bu un café avec l’une d’entre elles qui s’appelle Manon et qui a 22 ans.

Et en partant, on se fait la bise et on s’est serrées l’une contre l’autre comme ça, un hug.

C’était naturel et j’ai senti l’amour.

Tu vois, c’était pas exagéré.

Et j’ai trouvé ça tellement beau de se toucher en fait.

Et on se touche pas assez entre amis.

On se caresse pas assez entre amis.

Tu vois, ce sont des gestes qui sont réservés aux animaux.

On va caresser son chien, son chat ou son partenaire de vie, voire ses enfants quand ils sont petits, qu’ils acceptent encore.

Mais après, on se caresse plus.

On ne se tient plus dans les bras ou alors vraiment quand il y a des choses très dures, un enterrement, un truc comme ça.

Mais la caresse n’existe pas entre personnes qui s’aiment d’amitié.

Et je trouve ça dommage en fait.

Et ça m’a fait beaucoup de bien.

Et ça m’a fait penser à ce corporel qu’on n’a pas vraiment.

Et là, je l’ai eu.

Voilà.

Fred : Bah écoute, super.

Bah écoute, merci Elisabeth.

C’était Elisabeth Roman qui a lancé en 2019 le magazine Tchika.

Donc on peut retrouver sur chica.fr et chica c’est T-C-H-I-K-A.F-R.

Donc le numéro de décembre va arriver.

Si vous voulez faire des cadeaux pour décembre, vous allez sur chica.fr et vous pouvez par exemple offrir des abonnements pour découvrir ce magazine pour les 7-12 ans dont le sous-titre est Faites du bruit les filles.

Donc l’émission va bientôt se terminer.

Vous pouvez vous abonner au podcast de l’émission à l’être d’actu.

Les infos sont sur le site causecommune.fm.

Je vous rappelle que Chemins de traverse est en direct tous les mercredis à 22h.

Merci à vous d’écouter, d’avoir écouté cette émission.

N’hésitez pas à nous faire un retour.

Un formulaire de contact est disponible sur la page de l’émission sur le site causecommune.fm.

Nous espérons que cette émission vous a touché, inspiré, convaincu. Si c’est le cas, partagez-la avec des personnes que vous aimez.

Vous êtes toujours sur cause commune 93.1 FM et en DAB+ en Ile-de-France, partout dans le monde sur causecommune.fm.

La radio vient de lancer une campagne de financement participatif visant à récolter 40 000 euros pour couvrir les charges annuelles de la radio, indispensables à son fonctionnement.

Mais nous ne voudrions pas nous arrêter là.

Avec votre soutien, nous pourrions aussi équiper un second studio.

Cet espace supplémentaire permettrait non seulement de diversifier les productions mais aussi de proposer des services de location et des ateliers pour des projets audiovisuels.

Radio Généraliste, Cause Commune n’est pas d’un seul combat. Nous sommes la radio des futurs désirables.

Et notre campagne est aussi une invitation à rejoindre le club Cause Commune, une communauté d’auditeuristes engagées qui ensemble font vivre les valeurs de la radio libre.

Chaque don compte et contribue à renforcer la voix de Radio Cause Commune.

Donc vous allez sur causecommune.fm si vous souhaitez nous soutenir.

Vous souhaitez nous rencontrer ?

Je vous rappelle que chaque premier vendredi du mois, à partir de 19h30, il y a une soirée radio ouverte au studio de la radio 22 rue Bernard Dimey, la prochaine à Paris, dans le 18ème arrondissement.

La prochaine aura lieu le vendredi 3 janvier 2025.

Et juste après, à 23h30, une émission inédite de Minuit décousu sur le thème des labyrinthes urbains.

Des traboules, des gares, des métros, de la circulation et des jardins cachés.

Alors si vous vous demandez ce que c’est que des traboules, parce que moi je me suis posé la question, les traboules sont des passages piétons à travers les cours d’immeubles qui permettent de se rendre d’une rue à une autre dans une certaine ville de France.

Et les traboules les plus connus sont à Lyon.

Et il se trouve que Minuit décousu est originellement diffusé surb Radio Canut qui est à Lyon.

La semaine prochaine, mercredi 18 décembre, nous aurons deux invités, Martin et Hugo Hardy, vont nous raconter comment ils ont créé leur autonomie alimentaire et médicinale.

Ils accueillent des personnes en mode woofing et low tech, donc la technologie sobre, pour leur faire vivre une expérience de vie plus proche de la nature.

Alors le woofing consiste à offrir le gîte et le couvert à des personnes dans des fermes en échange de leur participation aux activités, permettant une partage de connaissances, de savoir-faire, du quotidien.

L’émission sera animée par Julie, donc on se donne rendez-vous mercredi 18 décembre.

Salut et solidarité.

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