#05 – Transidentités et espaces publics
proposée par Fanny Taillandier et Paul Citron
Diffusée le 14 décembre 2018
Résumé :
Trans : préfixe : « qui traverse l’espace ou la limite, qui est de l’autre côté de la limite »; en particulier :
« qui traverse le lieu géographique ou l’obstacle naturel » voir transalpin, transatlantique, transcontinental, transocéanien/transocéanique, transsaharien, transsibérien… C’est de la géographie, et plus près de nous : transfrontalier, transports en commun… Et puis il y a TRANS. Trans tout seul, les personnes trans. Un changement d’identité intime, individuel, qui paraît très visible mais qui ne l’est pas tant, dans nos rues, nos bars, nos stades.
Où sont les trans ? Qu’ont-ils et qu’ont elles à dire de la ville, de son fonctionnement, mais aussi et peut-être surtout à l’immense majorité des urbains, qui bien souvent ne les perçoit que comme une minorité, parmi toutes celles que nous sommes tous et toutes, à un moment ou à un autre, et d’une façon ou d’une autre. Car qui n’est pas trans-quelque chose, dans la foule de la ville ?
Invité.e.s :
- Milan Bonté est doctorant en géographie et travaille sur les espaces publics et les transidentités.
Références :
- Bonté Milan, 2017, “Transidentités et espaces publics parisiens : trouver sa place dans les espaces de l’hétéronormativité”, mémoire de master 2, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, dir. N. Cattan et S. Fol
- Les travaux de Cha Prieur, et notamment sa thèse, sont des incontournables pour tout.e géographe qui travaille sur les populations queer et LGBTI. Ils permettent de se positionner entre les différentes écoles francophones (géographie du genre, géographie des sexualités) et anglophones (plutôt organisées en “studies” – certains travaux issus des “gender studies” traitant de sujets géographiques et urbains).
Ils permettent aussi de lier recherche, situation personnelle et engagement politique. En résumé de ces enjeux, on peut se reporter à l’article Des géographies queers au delà des genres et des sexualités. - Voir également les travaux de Marianne Blidon, même s’ils n’ont pas la prétention de fonder une école de pensée (contrairement à ceux de Cha Prieur). Étant donné qu’elle a été la première française à travailler sur les populations LGBT en géographie et qu’elle s’est pris, quasiment seule, un retour de flamme important avec de très nombreuses critiques, elle constitue à elle seule une encyclopédie vivante sur l’expérience des chercheurs/ses en géographie du genre et des sexualités. Elle a répondu à ces critiques par un article scientifique
- Au niveau des grandes références théoriques sur les populations trans, ce sont surtout des travaux anglophones avec des auteur-e-s très prolifiques et intéressé-e-s par leur impact factor, ce qui ne facilite pas la lecture car ils et elles se répètent beaucoup de travaux en travaux.
Mais Petra Doan, Nathalie Oswin et Viviane Namaste sont les “grands noms” du champ d’étude. Viviane Namaste a par exemple écrit cet article précoce dans les années 90, qui nous semble être le premier et presque le seul à décrire l’articulation entre sexisme, homophobie et transphobie dans les espaces publics - En dehors de la géographie, quelques travaux de sociologie et de science politique permettent d’appréhender la population concernée et les enjeux liés à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire. Pour la sociologie, Emmanuel Beaubatie décrit dans sa thèse les mobilités sociales des personnes trans liées aux parcours de changement de sexe, et retrace l’histoire de l’évolution des liens entre médecins, associations et personnes trans.
- Aaron Arnold, un linguiste, donne également une excellente définition du genre dans cet article avec une perspective relationnelle : cela permet de faire les aller-retours conceptuels entre les normes sociales et les trajectoires individuelles (les espaces publics étant les espaces de la rencontre des deux).
- Du coté de la science politique, la segmentation des politiques publiques “genre”, “urbanisme” et “lgbt” dans les collectivités locales, est appréhendée en s’inspirant des travaux portant sur l’intersectionnalité et son application aux politiques publiques.
Notamment, on peut se référer aux travaux d’Antoine Fleury pour la normativité des espaces publics (cet article par exemple.)
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