#18 – La ville franchisée, 20 ans plus tard
proposée par Paul Citron, Lolita Voisin & Olivier Gaudin
Diffusée le 13 janvier 2020
Avec David Mangin, architecte et urbaniste, enseignant, Grand Prix de l’urbanisme 2008.
Contexte :
“En matière d’urbanisme commercial, nous partons tous avec des idées reçues. Notamment celle selon laquelle la question du commerce et des «entrées de villes » serait simple si elle n’était qu’affaire d’esthétique ; mais c’est un peu plus compliqué que cela.
Évitons les malentendus. Le débat n’est pas entre une “France moche” et le reste du monde ; la voiture contre les transports en commun ; la “boîte à chaussures” contre les gestes architecturaux. L’enjeu relève plutôt d’un mode de ville qui n’exclurait pas d’autres modes d’usage et de déplacement qui n’injurierait pas l’avenir, y compris celui du commerce lui‐même. Il optimiserait ainsi les infrastructures existantes. Mais pour cela il faut en comprendre les mécanismes.”
David Mangin, « 10 idées reçues sur l’urbanisme commercial… et quelques pistes pour en sortir », in Cristina Garcez et David Mangin (dir.), Du Far West à la ville. L’urbanisme commercial en questions, éd. Parenthèses, 2014.
“Le titre de “La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine” a été préféré à d’autres, tels “La ville mondialisée”, “La ville sectorisée”, “De l’îlot au secteur” ou, plus simplement, “La ville d’aujourd’hui” pour son sens double. D’abord, bien sûr, celui des “franchises commerciales”, signes ostensibles des transformations urbaines contemporaines en périphérie mais aussi dans les centres et les faubourgs. Enseignes reproductibles en réseaux (c’est leur objectif), les franchises envahissent le paysage et le vocabulaire. On ne se donne plus rendez-vous au carrefour mais à Carrefour; on trouve ses repères dans un paysage jalonné de marques, dont dès le plus jeune âge, on connaît les couleurs, les produits et parfois même les concepts, marketing oblige. Même si les franchises, au sens strictement juridique du terme, ne représentent qu’un pourcentage relativement modeste du réseau commercial actuel, elles sont pourtant omniprésentes.
Mais surtout nous intéresse le second sens, celui de “franchises territoriales”, de “franchises domaniales”. Le terme franchise s’identifiait au Moyen Âge à l’idée de territoire libre, faisant l’objet d’une exception juridique et politique : “les franchises d’un pays, d’une ville, les droits que possède un pays, une ville et qui limitent l’autorité souveraine” (Littré). Cette définition paraît résumer au mieux la situation contemporaine. Avec la montée en puissance du néo-libéralisme, la franchise contemporaine n’est plus celle des universités et autres asiles ecclésiastiques. Les territoires franchisés d’aujourd’hui sont de grandes emprises privées ou publiques, gardées, accessibles seulement sous conditions.”
David Mangin, La ville franchisée. Formes et structures de la ville contemporaine, La Villette, 2004
À l’oreille :
- Rufus Wainwright – “Going to a town”
- Rachid Taha (version accompagnée de Catherine Ringer) – “Ya Rayah”
Autres références :
- Éric Charmes, La ville émiettée. Essai sur la clubbisation de la vie urbaine, PUF, 2011.
- Jacques Donzelot, La ville à trois vitesses : gentrification, relégation, péri-urbanisation, La Villette, 2005
- David Mangin, Paris/Babel. Une mégapole européenne, La Villette, 2013
- David Mangin, La ville passante (sous la direction d’Ariella Masboungi), éd. Parenthèses, 2008
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