#32 – Sous les lapsus de l’actu
proposée par Patrick Bruneteaux et Olivier Grieco
Diffusée le 24 février 2024
En référence au #32 de l’émission proposé par Patrick Bruneteaux & Olivier Grieco et diffusé en #DIRECT le samedi 02/03/2024 à 12:00.
L’émission a dés le début positivement débuté en annonçant ne plus prendre en compte que les bonnes nouvelles confortées par la diffusion d’un titre dont le refrain est « Tout va bien ».
Olivier a réalisé une mise au point concernant la situation en Ukraine. Ce qui a été dit en fin d’émission de la semaine dernière sur le passé et le présent du pays n’impliquait pas en quoi que ce soit de justifier ce que subit le pays actuellement.
« La première chose qu’il faut enseigner au journaliste est de se méfier de soi-même » – Edwy Plenel
La difficulté est d’interpréter la situation toujours traitée par les médias dominants (par exemple par la chaîne LCI faisant de l’Ukraine son sujet du matin jusqu’au soir avec le regard des dominants) avec le même biais alors que le capitalisme a aggravé la situation et détruit la structure sociale de ce pays. Ainsi, l’Ukraine avant la période actuelle capitaliste ne connaissait pas le phénomène des SDFs généré par l’augmentation des prix des loyers et l’arrivée de la pègre qui vole les immeubles (comme ce que réalise le gouvernement israëlien en Palestine).
L’exemple de Cuba assurant de meilleures conditions de vie à sa population – s’il n’y avait pas le blocus des États-Unis d’Amérique pour l’handicaper – a été cité.
“Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien”. À Guingamp, des médecins cubains pour sauver l’hôpital public ? – 17/02/2024 18:08 – France3
« L’arrière-cour de la mondialisation – Ethnographie des paupérisés » de Patrick Bruneteaux et Daniel Terrolle – Croquant – 2010
Cet ouvrage explore les mondes de la pauvreté en se proposant de sortir du débat français sur l’exclusion. À partir d’analyses internationales neuves sur les différents visages de la paupérisation et de la survie des surnuméraires dans le cadre actuel de la mondialisation néo-libérale, il questionne la porosité des concepts scientifiques immergés dans la demande sociale et soumis aux catégories de l’action publique. Ce faisant, il contribue au dévoilement des formes de collusion des chercheurs avec le Pouvoir. Cependant, le parti d’embrasser différentes figures du sous-prolétariat dans le monde ne s’épuise pas à offrir un large panorama des formes d’exclusion et de survie sur les cinq continents. Outre qu’ils proposent des monographies inédites (Japon, Ukraine, Antilles, Palestine, Brésil, Pérou, USA, Ghana, France) révélant l’homogénéité de l’arrière-cour de la société néo-libérale, les auteurs ont aussi pour ambition de questionner intimement les postures des chercheurs affrontés à des violences sociales souvent extrêmes. En interrogeant leurs adaptations pour mesurer les violences que subissent les plus dominés, ce que d’aucuns appellent les « terrains difficiles », ils explorent de nouveaux outils d’analyse. En osant aussi questionner les mondes dits de la « marginalité » (« jeunes des banlieues, « prostituées, « délinquants », « toxicomanes », « SDF », « sans-papiers »), ils mettent en évidence autant les violences internes qui les gouvernent que celles de la mondialisation.
Patrick a prôné une théorisation du Bidochon [On a placé une lettre majuscule en début du mot puisque c’est un nom propre et qu’il semble s’agir apparemment d’un des concepts phare de la doxa Brunetienne NDLR] immédiatement illustrée par un extrait sonore d’un spectacle de Blanche Gardin.
On aura ainsi appris grâce à Patrick (mais aussi un peu grâce à Blanche Gardin) que la toute-puissance du Bidochon rapporté au sens commun est une « collection faussement systématisée de jugement à usage alternatif ».
« Habiter en CHRS – Faire comme chez soi quand on n’a pas de chez-soi » de Cédric Sadin-Cesbron – Érès – 2023
Cet ouvrage raconte de l’intérieur la vie quotidienne dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale CHRS, en mettant en avant la parole des personnes hébergées. Dans un contexte de politiques publiques axées sur le logement d’abord, l’auteur y propose des pistes concrètes pour réinventer l’hébergement social.
Conçu comme une immersion dans la vie quotidienne d’un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), cet ouvrage donne la parole aux résidents de ces structures. Ils y racontent la violence et la solidarité entre eux, les liens ambivalents aux travailleurs sociaux, leur besoin de « repos d’abord » et les attachements aux lieux.
Dans un contexte de politiques sociales en pleine mutation, qui privilégient l’accès direct au logement et remettent en cause l’hébergement social, Cédric Sadin-Cesbron, avec le concours de quatre résidents, documente la façon dont nombre d’entre eux « font comme chez eux » en CHRS, passant du statut d’hébergés à l’état d’habitants. Ainsi les injonctions à des temporalités de séjours « maîtrisées », en raison de la nature provisoire des places d’hébergement, génèrent des tensions entre tous les acteurs impliqués : pouvoirs publics financeurs, institution gestionnaire, travailleurs sociaux de terrain et, enfin, hébergés eux-mêmes.
Au-delà du simple constat, cet ouvrage propose une réflexion sur les politiques d’insertion, basées sur l’injonction à l’autonomie, telles qu’elles sont menées depuis les années 1980, et trace des pistes de travail pour repenser l’hébergement social sous le prisme de l’habitat, afin de le rendre à la fois plus efficient, digne et bien traitant.
Le concept du regard à éclipses des dominés a été développé à travers ce Bidochon qui boit son café le matin après avoir allumé BFM et qui n’a pas ce travail systématique à l’égard de l’actualité soumise à une sorte d’écrasement horizontal (parler un peu de tout pour au final ne rien dire). C’est ce contre quoi tente de lutter l’émission en reprenant systématiquement la réflexion sur les riches, l’agriculture mais aussi sur ce qui se passe en Cisjordanie et à Gaza pour obtenir un effet de répétition, de harcèlement, de retour qui permet aussi d’ajuster, de revoir et de reprendre ce qui a été dit.
Il s’agit pour les médias dominants d’imposer une façon de voir le monde à travers les modes de pensée de Sciences Po, des diplomates, des élites qui ont l’habitude de voir les atomes à côté des petits pions et d’être dans le stratosphérique des négociations internationales en utilisant cette construction pénible de la nation qui cache les classes sociales et l’exploitation par les élites renforcée par la situation de guerre comme en Ukraine.
Le regard des médias dominants sur les évènements qui suivent (et tout particulièrement celui de Courrier international relatif à l’immolation de Aaron Bushnell) a été examiné
- IVG : indignation après une séquence polémique sur CNews et Europe 1, la chaîne s’excuse – 26/02/2024 16:41 – FranceInfo.tv
- Guerre entre Israël et le Hamas : un militaire américain s’immole par le feu devant l’ambassade d’Israël à Washington – Aaron Bushnell – 26/02/2024 10:44 – FranceInfo.tv
- Guerre entre Israël et le Hamas : la Berlinale accusée de propager l’antisémitisme – Basel Adra – 28/02/2024 10:01 – FranceInfo.tv
- Le cinéaste israélien récompensé à Berlin pour un documentaire coréalisé avec un Palestinien reçoit des menaces dans son pays – Yuval Abraham – 28/02/2024 20:48 – FranceInfo.tv
- Un extrait d’une interview du réalisateur a été diffusé.
- Guerre Israël-Hamas : plus de 50 journalistes demandent un accès libre et « sans entrave » à Gaza – 28/02/2024 15:42 – LeParisien.fr
- Un extrait d’une interview de Léon Landini, membre du groupe Manouchian, a été diffusé.
Le processus de conscientisation en tant de guerre a été détaillé en rapport avec le poids de l’évidence et du « ça va de soi » du citoyen immergé dans les contraintes du corps social en temps de paix et illustré par l’exemple du sous-prolétariat portoricain étudié par Philippe Bourgois. Il en a été de même du caractère illusoire du volontarisme des petits bourgeois à capital culturel. On constate ainsi la difficulté de comment arriver à penser l’action collective.
Il a ensuit été démontré comment les politiques d’activation à l’autonomie et les processus de subjectivation produisent une moralisation et une culpabilisation du dominé qui doit être discipliné s’il accepte les conditions du néolibéralisme ou diabolisé (mendicité, vagabondage, prison, bagne) s’il les refuse et ce alors même que celui-ci a des droits !
La revue « Le Mouvement Social » a été citée à cette occasion
Le procès de Richy Thibault pour menace de mort le 9 août prochain a été évoqué
« Macron, l’éborgneur, n’oublie pas qu’on est le pays de la Révolution ! Le pays qui fait tomber la tête des monarques ! »
- TÉMOIGNAGE EXCLUSIF : RITCHY THIBAULT, 50H DE GARDE À VUE POUR AVOIR INTERPELLÉ MACRON – Le Média – 27/02/2024
- À noter, ce Fact Checking de Libération concernant la durée de la garde à vue de Ritchy.
Le processus de criminalisation en droit commun introduit toujours une disproportion entre ce qui a été commis et la peine prononcée.
La responsabilité du mouvement ouvrier d’avoir abandonné la défense du sous-prolétariat et d’avoir accepté sa criminalisation a aussi été mise en avant.
Un extrait d’une interview de Flora Ghebali, fondatrice du cabinet de conseil en environnement Coalitions, comparant les conséquences de la fraude sociale (estimée à 100 millions d’euros par an) et de la fraude fiscale (estimée à 60 milliards d’euros par an) a mis en lumière la disproportion entre les conséquences et les coûts des deux phénomènes et sera l’occasion d’expliciter d’un côté la loi de la riposte telle qu’elle est pratiquée par les chiens de garde au sein des médias dominants et de l’autre côté le gavage des dominants.
Un texte illustrera ce dernier point par l’augmentation exorbitante des rémunérations des responsables de la FNSEA dans le cadre d’un processus de vol des cotisations syndicales.
Il sera aussi illustré par un extrait d’une déclaration d’Aurélie Trouvé relative aux 120 milliards d’euros des bénéfices des actionnaires des 25 plus grandes entreprises du CAC 40 pour l’année 2023 soit à peu près l’équivalent du budget de l’Éducation nationale et de la Défense sur un an.
Sur 5 ans, les entreprises du CAC 40 ont supprimé 16 000 emplois tandis que les salaires réels sur 3 ans ont baissé de 3 % dans ces entreprises.
Les grandes entreprises ont un taux d’imposition réel de 17 % grâce aux mécanismes d’optimisation fiscale quand les TPE et les PME payent 20 % de taux réel d’impôt.
Enfin, deux tiers des dividendes en France sont touchés par des gens qui sont dans les 0,1 % les plus riches qui gagnent plus de 30 000 euros par mois.
L’action de la Confédération paysanne de la Vienne a ensuite été détaillée à travers un reportage sonore où le syndicat propose directement à la direction d’un supermarché Auchan de choisir entre un blocage par leurs tracteurs de l’accès au supermarché ou une opération courses gratuites où il laisse passer une centaine de caddies.
Enfin, la destruction du marais poitevin en lien avec les mégabassines a également été évoquée à travers le documentaire suivant de OFF Investigation :
Ep.02 | Mégabassines, histoire secrète d’un mensonge d’État – OFF Investigation / Reporterre – 22/02/2024
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