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#19 – Madelaine, un destin de paria et de Romano (Partie 2)

proposée par Daniel Bizeul

Diffusée le 28 mars 2019


#19 – Madelaine, un destin de paria et de Romano (Partie 2)
Les mondes rêvés de Georges

 
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Contexte :

Madeleine est une « voyageuse », « une Romano », selon ses termes, née en 1917 dans une petite commune de Normandie.

Elle est issue du lien amoureux entre la fille d’un charron forgeron, par ailleurs maire de la commune, et d’un jeune homme de culture Rom, dont la famille se déplaçait et vivait dans des « caravanes à chevaux ». Dans le village elle est « la bâtarde », sa mère lui en veut d’exister, la frappe.

À 13 ans elle part seule à Paris par le train, se fait embaucher comme nurse dans une famille bourgeoise. À 16 ans elle est enceinte, mais c’est la guerre et l’Occupation, l’homme qu’elle aime est tué. Elle-même est incarcérée 6 mois à Compiègne par les Allemands, pour fait de Résistance. Une fois libérée, elle rejoint Saint-Nazaire, dont elle fera son point de gravitation. Au hasard d’une vente de costume et d’une danse, elle rencontre un jeune Manouche. Elle devient sa femme, est intégrée dans le groupe familial, et part sur le voyage, avec la chine pour principale activité, entre commerce et troc, la récupération de ferraille, les services de cannage et d’affûtage.

Je fais sa connaissance en 1987, dans le cadre d’un enquête sur « les gens du voyage » commanditée par les associations de l’Ouest en lien avec ces populations. Entre Madeleine et moi s’établira une relation d’estime et de confiance, elle aimerait que je fasse un livre sur sa vie, je l’enregistrerai à plusieurs reprises. Madeleine est une femme intrépide, qui s’est construite contre l’animosité de sa mère et contre les épreuves de la guerre, elle est aussi un témoin éloquent du monde voyageur, à la fois claire, précise, et ironique. Elle meurt en 2004, elle a 87 ans.

Daniel Bizeul est sociologue. Au cours des années 1980 il a fréquenté « les gens du voyage » dans l’Ouest de la France. À la fin des années 1990, il a enquêté au sein du Front national en région parisienne. En 2018, il a publié Martial, la rage de l’humilié, aux Éditions Agone, selon le prénom d’un jeune homme à l’existence disloquée dont il a partagé la vie (trois émissions lui ont été consacrées sur Cause commune).

Seconde volet : les duretés et les combats d’une existence de nomade

Cette émission est consacrée à la deuxième partie de la vie de Madeleine, à partir du début des années 50. Désormais, elle est une voyageuse à part entière. Elle chine (va de porte en porte), coud des napperons, brasse la ferraille, fait le rempaillage. Désormais, également, elle fait l’expérience du rejet et des discriminations subies par « ceux de sa race », selon ses mots, qui sont traités comme des parias et des délinquants, soumis au carnet anthropométrique jusqu’en 1969, puis au carnet ou au livret de circulation jusqu’en 2017, avec visas réguliers, contrôles des gendarmes, amendes pour stationnement interdit.

Madeleine et sa famille toutefois font figure de « petites couches moyennes » au sein du monde voyageur, n’étant ni du côté des « riflards » ni du côté des « cas sociaux ».

Référence :

Daniel Bizeul, Nomades en France, Paris, L’Harmattan, 1993

Musiques :

Line RenaudLe trèfle à quatre feuilles
Charles TrénetDouce France
Jehan JonasMentalité française



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