#39 – Night Fever : retour sur la fabuleuse histoire du disco !
proposée par Isabelle Kortian
Diffusée le 20 juillet 2020
En plateau :
Belkacem Meziane, musicien professionnel, conférencier, chroniqueur pour Soul Bag et New Morning Radio et auteur de Night Fever, 100 hits qui ont fait le disco, paru aux éditions Le mot et le reste (2020).
Contexte :
New York, 1974. Les communautés gay, noire et latine se côtoient et se mélangent sur les dancefloors du Loft, du Continental Baths ou de la Gallery. Ces nouveaux temples de la nuit appelés « discothèques », ne sont pas seulement des lieux de libération sexuelle et des paradis artificiels, les DJ y sont rois, faisant danser, chaque week-end, sur de la soul, du funk ou des raretés afros et latines, une foule venue oublier les tourments d’une époque en pleine crise économique et existentielle. Chocs pétroliers de 1973 et 1979, fin des Trente Glorieuses, crise économique et sociale, scandale du Watergate, séquelles de la guerre du Vietnam, etc. Une époque qui n’en a pas encore fini avec la ségrégation raciale et où l’homosexualité ne peut s’afficher publiquement. Une époque qui devient aussi plus individualiste, où l’on danse pour oublier.
Dans Night Fever, Belkacem Meziane revient sur les origines, l’âge d’or et l’héritage du disco, qui reste encore aujourd’hui l’essence profonde de ce qu’on appelle la dance music. Il rappelle que le concept de discothèque est né en France, en Allemagne et en Angleterre et s’exporte aux États-Unis dans les années 60. Il replace le disco dans son héritage soul, funk, gospel primordial, et le confronte aux différentes sensibilités qui le font grandir pour devenir un style à part entière. Il souligne le rôle des producteurs, dont quelques-uns de génie, eux-mêmes musiciens, dans l’émergence du disco, une musique conçue en studio, faite d’arrangements, avec la participation de musiciens chevronnés.
Entre 1974 et 1979, le phénomène disco envahit le monde entier et va changer le cours de l’histoire de la musique. La piste de danse devient alors le lieu emblématique où s’affirme l’impact musical et artistique du disco mais aussi où se retrouvent et s’expriment des minorités victimes au quotidien de discriminations, avant que leurs combats pour l’égalité des droits ne deviennent des enjeux sociétaux majeurs et des luttes mobilisant la société civile. A cet égard, qu’on aime ou non le disco, et quelles qu’aient pu être par ailleurs les dérives commerciales du genre, on n’oubliera pas que la haine du disco (cf. notamment l’autodafé lors de la Disco Demolition Night) fut aussi motivée par l’homophobie et le racisme envers les Noirs, les Latinos et les Italiens.
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Pour aller plus loin :