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#62 – Écotransféminismes, des communs Trans* : une rencontre avec Emma Bigé et Clovis Maillet

proposée par Corinne Leconte

Diffusée le 14 mai 2025


#62 – Écotransféminismes, des communs Trans* : une rencontre avec Emma Bigé et Clovis Maillet
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“Nous nous interrogeons donc : Et si les mots communauté trans* voulaient dire plus que la simple réunion des identités opprimées ? (…) Cela fait longtemps que les vies trans* regorgent de manières de vivre au bord du monde organisé par et pour la fixité de la binarité sexuelle. Et nous sommes toustes tenu.es (quels que soient nos genres) dans l’histoire des gestes qui ont, malgré tout, rendu les vies trans* possibles. Car en prenant soin des vies toxiques, en inventant d’autres parentés, en veillant sur les mort.es, en changeant les manières de faire et de penser le sexe, en apprenant à aimer les transitions, les communs trans* s’efforcent de créer des mondes habitables non seulement pour les personnes trans* mais pour toustes. Ce n’est pas sans ambiguïté et les communs trans* – comme tous les communs du monde – font l’objet d’une prédation incessante.”
Emma Bigé – Clovis Maillet 

« Don’t exist » est un impératif, une forclusion consacrée. « N’existe pas », ce n’est pas la « néantisation » – la mort sociale queer qu’Eric Stanley articule avec ardeur – pas tout à fait. La néantisation, le néant, c’est rien, pas-une-chose (au sens de la choséité heideggérienne), une exclusion hors de « ce qui compte». Par contraste, « n’existe pas » s’indexe à une intrigue, une condition sociale : celle de la tuabilité, une insistance à la non-existence telle qu’il n’est même pas nécessaire d’articuler la possibilité de tuer, telle que la tuabilité n’a même pas besoin d’être rendue consciente. « N’existe pas » articule une attaque qui porte sur l’ontologie, sur l’être, car dans un tel cas, l’être (le fait, même, d’être) ne peut même être garanti.

Eva S. Hayward – traduite de l’anglais (états-unis) par Emma B.

Contexte

Samedi 3 mai 2025, Emma Bigé et Clovis Maillet, auteurices de Écotransféminismes, pour des écologies transféministes, publié en avril 2025 aux éditions les Liens qui libèrent, étaient ensemble à la librairie Violette and Co en compagnie de Loïse Tachon.

Dans un contexte où le capitalisme extractiviste s’accélère, où les grandes entreprises polluent avec une impunité croissante et où les guerres néocoloniales menacent la vie de toustes, les extrêmes-droites connaissent un important renouveau. Face à l’urgence écologique et sociale, Emma Bigé et Clovis Maillet enquêtent sur une famille émergente de pensées et de luttes : les écotransféminismes. Des écologies qui pensent avec et pour les vies non-normatives et appellent à forger de nouvelles alliances, à agir face aux pollutions plastiques comme aux attaques contre les vies trans, et à lutter pour la diversité des vivants comme celle des genres et des sexualités. Un essai sensible et politique, pour penser ensemble trans* et écologie.

Ponctuée de lectures et finissant sur des questions du public, la rencontre a abor les quatre chapitres qu’iels ont écrits pensant les éco transféminismes comme sciences et comme activismes, revendiquant la place des vies non normatives dans les luttes : Vivre toxique, fabriquer des parentés, deuiller les extinctions, changer le sexe...Retour aux collectifs trans* matériels et trans*historiques que nous formons : de quel amour pour les transformations avons-nous besoin pour vivre au milieu des extinctions ?”

Emma Bigé est philosophe et traductrice. Docteure et agrégée de philosophie, danseuse et commissaire d’exposition, elle est notamment l’autrice de « Mouvementements. Écopolitiques de la danse » (La Découverte, 2023).

Clovis Maillet est historien médiéviste, artiste et écrivain. Docteur de l’EHESS, pensionnaire à la Villa Medicis, il a notamment publié « Les Genres fluides. Des saint·es trans à Jeanne d’Arc » (Arkhé, 2020), une réflexion sur le genre à l’époque médiévale.

À l’oreille

  • Sona Jobarteh & band Djarabi
  • Evangelina Mascardi – dowland and contemporaries lute
  • Naochika – Oud meditation
  • Evihna, Que bandeira 
  • Sharouh – Sisterules

À lire

Écotransféminismes – Emma Bigé & Clovis Maillet

Mouvementements – écopolitiques de la danse – Emma Bigé

Pour aller plus loin

Clovis Maillet à Rome – résident à la Villa Médicis

Emma Bigé – Cargocollective

Librairie Violette and Co

Liens émissions précédentes 

#46 – Paniques morales anti-trans & vandalisme queer. Une journée avec Emma Bigé (Partie 1)

#47 – « Ce qui nous retient de nous toucher ». Une journée avec Emma Bigé (Partie 2)



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