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#142 – La DST sur le front de la guerre froide

proposée par Isabelle Kortian

Diffusée le 18 janvier 2023


#142 – La DST sur le front de la guerre froide
Le monde en questions

 
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En plateau

Michel Guérin, inspecteur général honoraire de la Police nationale et ancien de la DST, effectue ses débuts dans le contre-espionnage en 1978. Il a notamment occupé le poste directeur de cabinet, sous-directeur de la technique et des moyens opérationnels, puis du contre-terrorisme. Après 2008, il devient directeur central adjoint de la DCRI qui succède à la DST, puis chef de l’inspection générale de la DGSI, à sa création en 2014. Il publie avec Jean-François Clair et Raymond Nart, La DST sur le front de la guerre froide, aux éditions Mareuil.

Contexte

La DST (Direction de la Surveillance du Territoire) est née en 1944, sur les ruines d’une Europe ravagée par le Second conflit mondial du XXème siècle, et alors que va débuter la Guerre froide qui divisera les Alliés vainqueurs et se caractérisera par la confrontation idéologique et stratégique entre deux blocs : le bloc occidental constitué autour de l’OTAN, et le bloc soviétique constitué autour du Pacte de Varsovie. La Guerre froide se prolongera jusqu’à la Chute du Mur de Berlin et se traduira par une bipolarisation des relations internationales, malgré quelques velléités d’indépendance ou d’autonomie au sein de chacun des deux camps (la France et ses relations compliquées avec l’OTAN et les États-Unis ; l’émergence des Non-Alignés, la posture de la Yougoslavie ou celle de la Roumanie, la Révolution chinoise, etc.).

Pour le service du contre-espionnage, la Guerre froide signifie une guerre de l’ombre, où tous les coups sont permis, Une guerre où s’affrontent deux blocs, le bloc de l’Est et celui de l’Ouest : l’URSS et ses satellites, les Démocraties populaires, d’un côté, les États-Unis et ses alliés de l’autre. La guerre froide, c’est celle du renseignement, de la désinformation, celle des espions, des officiers de renseignement, des soldats de l’ombre qui meurent parfois dans l’exercice de leurs fonctions et dans l’anonymat. Souvent critiquée, la DST a des relations d’autant plus compliquées avec le pouvoir politique, les médias, les institutions que la plupart de ses actions, quelles qu’elles soient, sont secrètes ou inconnues du grand public et qu’elle ne peut que très rarement s’affranchir de sa réserve et s’exprimer dans le débat public.

Michel Guérin, qui a exercé de hautes responsabilités au sein de la DST, précise quel est le rôle de de la DST dans cette guerre de l’ombre où elle est en première ligne face au KGB, au GRU ou aux services des pays de l’Est, jusqu’en 1989. Il revient sur les circonstances dans lesquelles est né le service de contre-espionnage. La DST part de zéro, non pas qu’il n’y ait jamais eu d’équivalent de ce service auparavant en France, mais parce que les archives de l’ancien Contrôle général de la Surveillance du Territoire (CGST) et de la Sureté générale, mais également en partie celles des Renseignements généraux et du service rattaché à la préfecture de Police de Paris, ont été détruites à l’arrivée des Allemands en 1940, ou bien disparues dans le naufrage des péniches qui les transportaient en direction de la zone libre, ou bien transférées à Berlin par l’occupant nazi et confisquées par les Soviétiques lorsqu’ils arrivent à Berlin, à la fin de la guerre, pour finalement être rendues (en totalité, en partie ?)  rendues à l’État français, sous le premier mandat présidentiel de François Mitterrand.

Michel Guérin constate qu’il faudra 20 ans à la DST pour se relever de cette perte des archives. Ce qui ne l’empêchera de remporter quelques beaux succès qui permettront notamment l’expulsion d’une centaine d’officiers soviétiques, sans compter leurs collègues des pays « frères ». Pourtant, les premiers dossiers ou affaires de la DST ne relèvent pas du contre-espionnage classique. En effet, le premier grand chantier de la DST concerne les affaires dites « LIKI » (abréviation de liquidation) ou urgences politiques et judiciaires : séquelles de la guerre, collaboration, démantèlement et mise à nu des réseaux allemands, déferrement des traîtres devant les tribunaux. Puis vint la Guerre d’Algérie qui occupa un bon moment la DST, avec des missions d’ordre sécuritaire dans le cadre de la lutte contre les réseaux du FLN en France et les attentats contre la puissance coloniale.

La période d’apprentissage qu’entame la DST à sa création est d’autant plus délicate qu’elle ne bénéficie d’aucune coopération avec les Américains, au début du moins. Allié ne signifie pas ami. La présence de ministres communistes au gouvernement contribue à l’écart des services français par les Américains, les Canadiens et les Anglais. Pour mémoire, le Parti communiste français (PCF) est non seulement le Parti des 75 000 fusillés, mais alors un parti durablement installé alors dans le paysage politique français et notamment le premier parti de France aux élections législatives de 1948.

Quels sont les moyens d’action et les missions de la DST ? Quelle est la nature de ses relations avec d’autres structures : le Quai d’Orsay ? la presse ? Les hommes politiques ? Pourquoi les hommes et les femmes de la DST sont-ils perçus comme des empêcheurs de tourner en rond ? Jusqu’à quel point ? Le sont-ils ? Quels sont les grands succès du contre-espionnage français ? Quelles affaires en particulier en sont emblématiques ? A quoi correspond l’âge d’or du renseignement ? L’importance du renseignement humain a-t-elle été négligée en France, comme dans d’autres pays ? Pourquoi ce livre maintenant ?

À l’oreille

Pour aller plus loin

Michel Guérin, Jean-François Clair, Raymond Nart, La DST sur le front de la guerre froide, éditions Mareuil, 2022



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