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#41- Антон Павлович Чехов

proposée par Fabiola Badoi

Diffusée le 29 octobre 2025


#41- Антон Павлович Чехов
Des formes utiles

 
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Les mots, c’est finalement tout ce que nous avons, alors il vaut mieux que ce soit ceux qu’il faut et que la ponctuation soit là où il faut pour qu’ils puissent dire le mieux possible ce qu’on veut leur faire dire. Raymond Carver

Anton Pavlovitch Tchekov meurt le 2 juillet 1904 à Badenweiler dans la Forêt Noire en Allemagne. Quelques minutes auparavant il avait demandé une coupe de champagne. Il avait 44 ans. Ses œuvres complètes en russe comptent 30 volumes.
Nouvelles, récits, pièces de théâtre, 7 000 pages, 8 000 personnages… les 7 000 lettres qui nous sont parvenues ne représentent qu’une partie de sa correspondance.

Tchékhov est un réaliste au sens philosophique du mot : il croit à la réalité des essences, des Idées, mais une réalité qui ne serait pas méta-physique, il croit à l’existence actuelle, concrète du beau, du bien, du vrai. Les hommes vivent en-dessous d’eux-mêmes, le monde existe sous une forme insuffisante ou dégradée.
La technique tchekhovienne, qui vient des récits, est, au théâtre, celle d’un système d’échos, de silences et de réponses différées ou fortuites qui correspond tout à fait à celle que l’on met en œuvre dans la musique.
La vie, selon Tchékhov, est comme un concert, comme une symphonie. Ce qu’il faudrait, c’est savoir écouter; faire œuvre d’art, c’est faire entendre aux hommes l’air exact de leur vie, qu’ils écoutent de travers parce qu’ils pensent toujours à autre chose.  Wladimir Troubetzkoy

📚 Pour aller plus loin avec Tchekhov :

  • Vivre de mes rêves, Lettres d’une vie, Robert Laffont, 2016
  • L’île de Sakhaline, Editions cent pages, 1995
  • Théâtre complet, Poche, tome 1 et 2. 1973 et 1974
  • Récits d’un inconnu et autre nouvelles, Poche, 2008

📚 Pour aller plus loin avec les autres :

  • Le Violon de Tchekov, Vladimir Troubetskoy, Persée, Littératures, article, 1991
  • Tchekov, Virgile Tanase, éditions Folio, 2008
  • Au loin la liberté, Jacques Rancière, la fabrique éditions, 2024
  • Peter Stein
  • Constantin Stanislavski

🎧 A l’oreille :

  • Maurice Jarre, Valse de Platonov
  • Elena Kamburova, Hivernage
  • Fiodor Chaliapine, Le soleil se lève et se couche, chanson de prisonniers
  • Naissam Jalal & Rhythms of resistance, Buleria Sarkhat Al Ard
  • Theodore Bickel, Margaritkelech
  • Jeff Buckley, Dido’s lament, d’après Henri Purcell

🎧 Les extraits en russe lus par Alexei Bajanov :

Extrait de l’acte I d’Oncle Vania, Oeuvres, Théâtre, Gallimard, 1967, traduction du russe par Elsa Triolet

Astrov : Tu peux chauffer tes poêles avec de la tourbe et construire les hangars en pierre. Bien, j’admets que l’on coupe les bois par nécessité, mais pourquoi les détruire ? Les forêts russes gémissent sous la hache, des milliards d’arbres périssent, les gites des bêtes, les nids des oiseaux se vident, les rivières s’ensablent et se dessèchent, des paysages ravissants disparaissent pour tou-jours, et tout cela parce que l’homme est paresseux et qu’il n’a pas assez de sens commun pour se baisser et ramasser le combustible. ( A Eléna Andréevna.) N’ai-je pas raison, madame? Il faut être un barbare pour follement brûler dans un poêle toute cette beauté, pour détruire ce que nous ne pouvons pas créer. L’homme est doué d’une raison et d’une force créatrice pour multiplier ce qui lui a été donné, mais jusqu’ici, il n’a pas encore créé, il n’a que détruit. Il y a de moins en moins de forêts, les rivières se dessèchent, le gibier a disparu, le climat est plus rude et la terre s’appauvrit et enlaidit de jour en jour. (À Vomitzki.) Je te vois qui me regardes avec ironie, et tout ce que je dis te semble manquer de sérieux et… et, peut-être est-ce vraiment de la manie, mais quand je passe à côté de la forêt que j’ai sauvée, ou quand j’entends le bruissement de ma jeune forêt que j’ai plantée de mes mains, je deviens conscient du fait que le climat aussi est un peu entre mes mains et que si, dans mille ans, l’homme doit être heureux, cela sera un peu de ma faute à moi aussi. Quand je plante un juin bouleau et que je le vois ensuite se couvrir de feuilles vertes e se balancer dans le vent, mon cour se remplit de fierté…

Extrait de l’acte I de La Mouette, Actes Sud, 1996, traduction du russe par André Markowicz et Françoise Morvan

Tréplev : Elle aime le théâtre, elle se figure qu’elle est au service de l’hu.manité, de l’art en ce qu’il a de plus sacré, et, pour moi, le théâtre contemporain, c’est de la routine, du préjugé. Quand le rideau se lève et que, sous des lumières de soir, dans une chambre à trois murs, ces grands talents, ces prêtres de l’art sacré nous montrent comment on mange, on boit, on aime, on marche, on porte son complet-veston ; quand, de ces tableaux et de ces phrases vulgaires, ils s’évertuent à tirer une morale – une petite morale, quotidienne, à la portée de tous, adaptée à l’usage domestique; quand, sous mille variations, ils me servent la même chose, la même chose, la même chose – alors, moi, je me sauve, je me sauve, comme Maupassant se sauvait devant la tour Eiffel qui lui écrasait le cerveau de sa vulgarité. {…} Il faut des formes nouvelles. Des formes nouvelles, voilà ce qu’il faut, et, s’il n’y en a pas, alors, tant qu’à faire, plutôt rien.

🎚️ À la technique Isabelle Carrère



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