#33 – 👧🧒 “La nature à hauteur d’enfants”, de Julien Vitores, sociologue de l’enfance.

Pour commencer l’émission, lecture d’une tribune parue dans le journal Le Monde du 7 octobre, signée par un collectif de professionnels des métiers du livre et de l’édition. Il dénonce les faits de dénigrement, de cyberharcèlement voire de menaces physiques dont sont de plus en plus souvent victimes les libraires.
Cette tribune a d’autant plus sa place dans cette émission, puisque, comme vous le savez, deux de ses chroniqueuses sont libraires.

A lire, entre autres,sur le site du Monde  si vous êtes abonnée.e

NOUVEAUTE AUDIO – chronique de Véronique Soulé – c’est vers 7 min

C’est l’heure du bœuf, histoire écrite par Dominique Dreyfus, illustrée par Sylvain Barré, mise en musique et interprétée par Claire Luzi et Cristiano Nascimento ; CD réalisé par la compagnie Roda, sorti en avril 2025, distribué par Inouie Distribution, en vente aussi sur le site de la compagnie, 24 €. À écouter avec les enfants dès 8 ou 9 ans.
Une histoire et des chansons racontent l’origine brésilienne de l’expression « faire le bœuf », au travers des questions d’un petit garçon : le cabaret Le Bœuf sur le toit, Darius Milhaud et son œuvre Le Bœuf sur le toit, lui-même inspiré par la musique pratiquée au Brésil où il a vécu. C’est l’heure du bœuf a d’abord été un spectacle créé en 2019 par la compagnie La Roda, installée à Aix en Provence, l’un des principaux représentants des musiques populaires brésiliennes en France et en Europe, apprend-on sur son site. Les sept chansons, aux riches arrangements musicaux, sont interprétées par Claire Luzi, tandis que guitare à 7 cordes, viola nordestina, percussions et autres instruments sont joués par Cristiano Nascimento.
On lit l’histoire sur le livret, on écoute les chansons (mais pas l’histoire) sur le CD, ou via des QR codes égrenés au fil des pages du livret qui permettent d’écouter une à une les chansons sur (hélas !) Youtube. Les illustrations du livret et de la jaquette, stylisées, joyeuses, très colorées, apportent un vrai plus à ce CD + livret.

Site de La Roda

RECHERCHE en SOCIOLOGIE de l’ENFANCE – interview de Julien Vitores – c’est vers 15 min

Quelle expérience de la nature ont les enfants ? Dépend-elle de leur contexte familial et social, comme c’est le cas pour les pratiques culturelles, livres, spectacles, etc. ? Ou bien sont-iels tous attiré.es de la même manière par la nature, par le plaisir de découvrir leur environnement ? J’avoue que je ne m’étais jamais posé la question, tant il me semblait évident que tous les enfants de 3 ans aimaient observer les coccinelles, ramasser des feuilles mortes ou des petits cailloux, respirer des fleurs, caresser des animaux, et que dans ce domaine, au moins, les inégalités sociales ne jouaient aucun rôle.
J’ai été vite détrompée à la lecture de l’ouvrage La nature à hauteur d’enfants, sous titré Socialisations écologiques et genèse des inégalités, du chercheur en sociologie de l’enfance Julien Vitores, paru à la fin de l’été aux éditions La Découverte (collection L’envers des faits).

À partir d’une enquête menée dans trois écoles maternelles, socialement différentes, Julien Vitores montre que là encore, la rencontre avec la nature par les enfants de 3 à 6 ans est très différente selon qu’on grandit dans une famille à forts revenus ou au contraire très faibles, ou bien dans un milieu intellectuel, ou encore qu’on soit une fille ou un garçon. Iels se familiarisent alors à des usages différenciés de la nature, qui peuvent contribuer à reproduire les inégalités sociales. Et l’école maternelle, à travers ses programmes et ses attentes, et malgré la bonne volonté des enseignants et enseignantes, ne semble pas vraiment remédier à ces écarts.
Julien Vitores a rencontré les parents des enfants pour parler de leurs pratiques de la nature en famille, a observé les enfants et les enseignantes dans les classes, a demandé aux enfants de dessiner leur représentation de la nature, de commenter ces dessins, d’identifier leurs animaux préférés, et cetera, autant d’outils qui lui ont permis de constater que le rapport à la nature n’a rien de naturel et que l’éducation à la nature nécessite d’être repensée dès la petite enfance. Une recherche passionnante !

Interview de Julien Vitores, auteur de La nature à hauteur d’enfants (La Découverte, août 2025)

GRANDS LIVRES POUR PETITES PERSONNES – chronique de Elsa Gounot – c’est vers 70 min

Le Tambour, de Jeanne Saboureault, éditions MeMo
“Où Siméon ne parle pas mais s’exprime grâce à un tambour qui ne le quitte jamais. Un jour, celui-ci disparaît, laissant le désarroi envahir le petit garçon. Après l’avoir cherché partout dans la maison, voilà qu’une nuit, il part à sa recherche dans le jardin puis dans la forêt environnante à la nature luxuriante dans une quête devenant initiatique.
Il y a là l’idée d’une nouvelle façon d’être au monde, avec le monde, plutôt que de s’en protéger. Des sons bruts, par ce cheminement, il en arrive à découvrir et envisager les harmonies possibles d’une musique pouvant devenir apaisante.”

LECTURE – par Lionel Chenail– c’est vers 80 min

Les sentiers de neige, de Kevin Lambert – Le nouvel Attila, 2024

On a écouté

Sur le toit – Claire Luzi et Cristiano Nascimento – C’est l’heure du bœuf – CD, La Roda/Inouie distribution, avril 2025
Ma cabane dans les bois – Tartine Reverdy – Dans les bois, CD, 2019
La coccinelle [Robert Desnos] – Anne et Gilles – Chantefables de Robert Desnos – Le Chant du monde, 1974
Monsieur Toulmonde – Aldebert – CD, Enfantillages, 2008
Morts les enfants – Renaud – Mistral gagnant, 1985