#35 – Jeu de rôle
proposée par Fabiola Badoi
Diffusée le 30 avril 2025
Ton affaire, c’est de jouer correctement le personnage qui t’a été confié ; quant à le choisir, c’est celle d’un autre. Épictète, Manuel XVII
Témoin privilégié de quelques moments de grâce qui l’ont ouvert par l’émotion suscitée à la compréhension « des choses les plus importantes », Aleksei Bajanov est certain qu’il n’y a que les arts scéniques qui « permettent de saisir la vie dans toute sa complexité ».
De l’école du Maly Théâtre à Moscou au MKhAT, le Théâtre d’art Tchekhov où il travaille pendant six ans sous la direction d’Oleg Efremov, à l’entreprise de commerce de matériaux de construction où il installe le réseau informatique, puis à la télévision où il réalise pendant plus d’une vingtaine d’années des séries documentaires sur des sujets scientifiques, et à la réalisation d’un film de fiction, Jusqu’à Nouvel an il reste… Aleksei Bajanov semble savoir tout faire, peut être car il joue son propre rôle, celui d’un comédien.
Au fil de trois entretiens (ou quatre), il égrène ses souvenirs, les années ’80 défilent, son enfance sur les rives de la Volga et le caviar à la louche, l’adolescence avec son groupe de rock qui joue les chansons mi-clandestins de Machina Vremeni ou de Vissotski, la Pérestroïka, les années Eltsîne et le chaos d’un capitalisme sauvage qui s’installe…
S’il peut continuer de tenir son rôle dans une société russe toujours au bord de, ses convictions et l’art comme garde-fou, lorsque son pays envahit l’Ukraine, le comédien russe Aleksei Bajanov quitte son pays et trouve depuis un an un accueil incertain à Paris.
📚 Pour aller plus loin
- Eugenio Barba, Le canoë de papier, Traité d’anthropologie théâtrale, L’Entretemps, 2015
- Riszard Cieslak, acteur polonais, figure centrale du Théâtre-laboratoire de Jerzy Grotowski
- Maxime Gorki, Enfance, Folio, Gallimard, 1976
- Joseph Brodsky, L’étoile de Noël, le poème est récité en russe par Aleksei Bajanov ; ci-dessous, sa traduction en français par Hélène Henry :
Par grande froidure, en un lieu plus familier de la chaleur
que du froid, plus des plateaux que des hauteurs,
un enfant était né dans une grotte afin de sauver le monde.
Il faisait tempête comme au désert seul il peut faire tempête.
Tout semblait immense à l’enfant : le sein de sa mère, la buée jaune
que soufflait le bœuf – et les Mages : Melchior, Gaspard
et Balthazar, et les cadeaux qu’ils avaient apportés.
Il n’était qu’un point. L’étoile aussi était un point.
Attentive, sans ciller, à travers quelques rares nuages,
de l’autre bout de l’Univers, de tout là-bas,
l’étoile regardait l’enfant étendu dans la crèche,
au fond de la grotte. Et ce regard était celui du père.
🎧 À l’oreille
- Leto, Kino
- Wir setzen uns mit Tränen nieder, Matthäus-Passion, Kammerchor, Johann-Sebastian Bach
- Dido’s Lament (d’après Henry Purcell) – Jeff Buckley
À la technique, Isabelle Carrère
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