#09 – La question libanaise
proposée par Isabelle Kortian
Diffusée le 4 novembre 2019
Invitée : Aurélie Daher
Contexte :
Enseignante-chercheuse à l’Université Paris-Dauphine et Sciences Po Paris, Aurélie Daher est une spécialiste du Liban et notamment du Hezbollah.
Depuis le 17 octobre 2019, des manifestations pacifiques se déroulent au Liban, dans la capitale, à Beyrouth comme dans les principales villes du pays, pour dénoncer la corruption de la classe politique dirigeante et son incurie. Un quart de la population du pays, toutes confessions confondues, serait descendu dans la rue pour appeler au renouvellement des élites dirigeantes issues des partis confessionnels.
Aurélie Daher explique les raisons du mécontentement de chacune des communautés sunnite, chrétienne et chiite vis-à-vis de leurs leaders respectifs. Ces raisons sont multiples et peuvent différer d’une communauté à l’autre, chacune n’ayant pas le même poids démographique ni les mêmes intérêts à une remise en cause de l’équilibre confessionnel ou la promulgation d’une nouvelle loi électorale.
Dans ces conditions, la déconfessionnalisation du paysage politique libanais est-elle possible ? Une citoyenneté libanaise est-elle en train de naître ?
Les vieux réflexes communautaires vont-ils au contraire l’emporter à la suite d’incidents ou d’affrontements ? Les trois principaux partis communautaires vont-ils lâcher du lest pour mieux se maintenir au pouvoir ?
Si, le 24 octobre, le discours du Président Aoun n’a rien changé à la détermination des manifestants, le discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le lendemain, appelait les chiites à rentrer chez eux. La démission du Premier ministre Saad Hariri, le 29 octobre, ne signifie ni la fin de la crise ni qu’il ne puisse être le prochain Premier ministre, dans un pays où, conformément à la Constitution en vigueur, le président du Liban doit être maronite, le premier ministre sunnite et le président de la Chambre des députés chiite.
La mobilisation faiblira-t-elle ou se renforcera-t-elle dans un contexte économique difficile? S’agit-il d’une parenthèse destinée à se refermer ou bien tout retour en arrière, à l’identique, est-il désormais devenu inacceptable ?
Malgré le ras-le-bol exprimé par les manifestants et l’usure d’un système semblant à bout de souffle, la société civile sera-t-elle en mesure de présenter un projet alternatif ? Des nouvelles personnalités émergeront-elles pour imaginer un nouveau contrat social et le mettre en œuvre, cent ans après la création du Liban ?
Pour l’heure, le Hezbollah, né en 1982, est devenu un acteur majeur de la scène politique libanaise et régionale. Aurélie Daher revient sur la montée en puissance du mouvement chiite (dirigé depuis 1992 par Hassan Nasrallah), sur son action sociale et politique, sur ses capacités militaires considérablement renforcées à la faveur de sa participation déterminante à la guerre en Syrie aux côtés du régime d’Assad.
À l’oreille :
- Majida El Roumi – Ya Beirut (Majida El Roumi in concert Dubaï Classics 2014, Café World Music)
- Marcel Khalifé – Ommi
- Dalida – Helwa Ya Baladi
Pour aller plus loin :
- Aurélie Daher, Le Hezbollah : mobilisation et pouvoir, PUF, 2014
- Aurélie Daher, « Parrainages régionaux et polarisations belligènes : la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite au Liban », in Critique internationale, 2018-3 (n°80)
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