À l'antenne
Titre
Artiste

#114 – In absentia

proposée par Isabelle Kortian

Diffusée le 13 avril 2022


#114 – In absentia
Le monde en questions

 
Play/Pause Episode
00:00 / 55:03
Rewind 30 Seconds
1X

En plateau

Raphaël Jerusalmy, écrivain, ancien élève de l’École normale supérieure (ENS), ancien officier du renseignement militaire israélien devenu marchand de livres anciens à Tel Aviv, s’est imposé sur la scène littéraire en quatre romans. Il publie In absentia aux éditions Actes Sud.

Contexte

Le 2 août 1943, quatre-vingt-six personnes en provenance d’Auschwitz furent livrées vivantes au camp de Struthof, à la demande du professeur August Hirt, un médecin nazi collectionnant les squelettes dans le cadre de ses recherches. S’inspirant de ce fait historique, l’écrivain Raphaël Jerusalmy, construit, sur fond de Shoah et de Seconde Guerre mondiale, son dernier roman, In absentia, dans lequel il interroge l’absence comme une des modalités de l’être au monde.

Au Struthof, seul camp de concentration nazi ouvert sur le territoire français, en Alsace, l’écrivain et déporté communiste Pierre Delmain, devenu lui-même un squelette ambulant, est sommé d’achever à mains nues les déportés juifs que leur état rend désormais impropres aux « expériences scientifiques » des médecins nazis menées sur place. Il le fait pour sauver sa peau, mais avec douceur, empathie, humanité, comme s’il voulait accompagner les victimes jusque dans leur dernier souffle et les sauver de l’anonymat, en les regardant dans les yeux. Il ne se le pardonne pas pour autant. Alors, il s’évade. Dans ses rêves. Dans ce qui sera peut-être un jour un roman épique se déroulant aux temps des Croisades.

À Paris, Saül Berstein, collectionneur d’art, esthète et dandy, retarde dans les vapeurs de la mescaline le moment de croire à la violence et à la laideur extrêmes de l’horreur qui menace et le traque : port de l’étoile jaune, déportation à Auschwitz. Il s’absente dans la drogue et la beauté. Arrêté, torturé, déporté, il fera face, se comportera dignement, incarnant à lui seul l’humanité dans un monde dont elle s’est retirée. La brève rencontre entre le militant communiste et le marchand d’art snob scelle leur destin d’un lien secret, illuminant d’une lumière solaire un récit crépusculaire où tout se déroule « avec une intolérable douceur » et où « l’horreur de l’ordinaire » bascule dans « l’ordinaire de l’horreur ». Survivant du Struthof, Delmain ne supportera pas la laideur des monuments et des commémorations d’un devoir de mémoire abstrait et décharné. La componction de l’après-guerre le révolte. Alors, il décidera à son tour de comparaître devant l’histoire.

À l’oreille

Pour aller plus loin

  • Raphaël Jerusalmy, Sauver Mozart, Actes Sud, 2012, Prix Emmanuel Roblès 2013, Prix de l’ENS-Cachan 2013
  • Raphaël Jerusalmy, La Confrérie des chasseurs de livres, Actes Sud, 2013
  • Raphaël Jerusalmy, Évacuation, Actes Sud, 2017, Prix Amerigo Vespucci
  • Raphaël Jerusalmy, La Rose de Saragosse, Actes Sud, 2018
  • Raphaël Jerusalmy, Des Sex Pistols à l’Intifada, confidences d’un officier israélien du renseignement, Balland, 2021


Sauf mention contraire et autres licences applicables cette œuvre sonore de Cause Commune est mise à disposition selon les termes de la

Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.